Evangile selon Luc
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Chapitre 1
- Plusieurs ayant entrepris de
composer un récit des événements qui se sont
accomplis parmi nous,
- suivant ce que nous ont transmis
ceux qui ont été des témoins oculaires
dès le commencement et sont devenus des ministres de la
parole,
- il m'a aussi semblé bon,
après avoir fait des recherches exactes sur toutes ces
choses depuis leur origine, de te les exposer par écrit
d'une manière suivie, excellent Théophile,
- afin que tu reconnaisses la
certitude des enseignements que tu as reçus.
- Du temps d'Hérode, roi de
Judée, il y avait un sacrificateur, nommé Zacharie,
de la classe d'Abia; sa femme était d'entre les filles
d'Aaron, et s'appelait Élisabeth.
- Tous deux étaient justes
devant Dieu, observant d'une manière irréprochable
tous les commandements et toutes les ordonnances du
Seigneur.
- Ils n'avaient point d'enfants,
parce qu'Élisabeth était stérile; et ils
étaient l'un et l'autre avancés en âge.
- Or, pendant qu'il s'acquittait de
ses fonctions devant Dieu, selon le tour de sa classe, il fut
appelé par le sort,
- d'après la règle du
sacerdoce, à entrer dans le temple du Seigneur pour offrir
le parfum.
- Toute la multitude du peuple
était dehors en prière, à l'heure du
parfum.
- Alors un ange du Seigneur apparut
à Zacharie, et se tint debout à droite de l'autel
des parfums.
- Zacharie fut troublé en le
voyant, et la frayeur s'empara de lui.
- Mais l'ange lui dit: Ne crains
point, Zacharie; car ta prière a été
exaucée. Ta femme Élisabeth t'enfantera un fils, et
tu lui donneras le nom de Jean.
- Il sera pour toi un sujet de joie
et d'allégresse, et plusieurs se réjouiront de sa
naissance.
- Car il sera grand devant le
Seigneur. Il ne boira ni vin, ni liqueur enivrante, et il sera
rempli de l'Esprit Saint dès le sein de sa
mère;
- il ramènera plusieurs des
fils d'Israël au Seigneur, leur Dieu;
- il marchera devant Dieu avec
l'esprit et la puissance d'Élie, pour ramener les coeurs
des pères vers les enfants, et les rebelles à la
sagesse des justes, afin de préparer au Seigneur un peuple
bien disposé.
- Zacharie dit à l'ange: A
quoi reconnaîtrai-je cela? Car je suis vieux, et ma femme
est avancée en âge.
- L'ange lui répondit: Je
suis Gabriel, je me tiens devant Dieu; j'ai été
envoyé pour te parler, et pour t'annoncer cette bonne
nouvelle.
- Et voici, tu seras muet, et tu ne
pourras parler jusqu'au jour où ces choses arriveront,
parce que tu n'as pas cru à mes paroles, qui s'accompliront
en leur temps.
- Cependant, le peuple attendait
Zacharie, s'étonnant de ce qu'il restait si longtemps dans
le temple.
- Quand il sortit, il ne put leur
parler, et ils comprirent qu'il avait eu une vision dans le
temple; il leur faisait des signes, et il resta muet.
- Lorsque ses jours de service
furent écoulés, il s'en alla chez lui.
- Quelque temps après,
Élisabeth, sa femme, devint enceinte. Elle se cacha pendant
cinq mois, disant:
- C'est la grâce que le
Seigneur m'a faite, quand il a jeté les yeux sur moi pour
ôter mon opprobre parmi les hommes.
- Au sixième mois, l'ange
Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de
Galilée, appelée Nazareth,
- auprès d'une vierge
fiancée à un homme de la maison de David,
nommé Joseph. Le nom de la vierge était
Marie.
- L'ange entra chez elle, et dit:
Je te salue, toi à qui une grâce a été
faite; le Seigneur est avec toi.
- Troublée par cette parole,
Marie se demandait ce que pouvait signifier une telle
salutation.
- L'ange lui dit: Ne crains point,
Marie; car tu as trouvé grâce devant Dieu.
- Et voici, tu deviendras enceinte,
et tu enfanteras un fils, et tu lui donneras le nom de
Jésus.
- Il sera grand et sera
appelé Fils du Très Haut, et le Seigneur Dieu lui
donnera le trône de David, son père.
- Il règnera sur la maison
de Jacob éternellement, et son règne n'aura point de
fin.
- Marie dit à l'ange:
Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point
d'homme?
- L'ange lui répondit: Le
Saint Esprit viendra sur toi, et la puissance du Très Haut
te couvrira de son ombre. C'est pourquoi le saint enfant qui
naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu.
- Voici, Élisabeth, ta
parente, a conçu, elle aussi, un fils en sa vieillesse, et
celle qui était appelée stérile est dans son
sixième mois.
- Car rien n'est impossible
à Dieu.
- Marie dit: Je suis la servante du
Seigneur; qu'il me soit fait selon ta parole! Et l'ange la
quitta.
- Dans ce même temps, Marie
se leva, et s'en alla en hâte vers les montagnes, dans une
ville de Juda.
- Elle entra dans la maison de
Zacharie, et salua Élisabeth.
- Dès qu'Élisabeth
entendit la salutation de Marie, son enfant tressaillit dans son
sein, et elle fut remplie du Saint Esprit.
- Elle s'écria d'une voix
forte: Tu es bénie entre les femmes, et le fruit de ton
sein est béni.
- Comment m'est-il accordé
que la mère de mon Seigneur vienne auprès de
moi?
- Car voici, aussitôt que la
voix de ta salutation a frappé mon oreille, l'enfant a
tressailli d'allégresse dans mon sein.
- Heureuse celle qui a cru, parce
que les choses qui lui ont été dites de la part du
Seigneur auront leur accomplissement.
- Et Marie dit: Mon âme
exalte le Seigneur,
- Et mon esprit se réjouit
en Dieu, mon Sauveur,
- Parce qu'il a jeté les
yeux sur la bassesse de sa servante. Car voici, désormais
toutes les générations me diront
bienheureuse,
- Parce que le Tout Puissant a fait
pour moi de grandes choses. Son nom est saint,
- Et sa miséricorde
s'étend d'âge en âge Sur ceux qui le
craignent.
- Il a déployé la
force de son bras; Il a dispersé ceux qui avaient dans le
coeur des pensées orgueilleuses.
- Il a renversé les
puissants de leurs trônes, Et il a élevé les
humbles.
- Il a rassasié de biens les
affamés, Et il a renvoyé les riches à
vide.
- Il a secouru Israël, son
serviteur, Et il s'est souvenu de sa miséricorde, -
- Comme il l'avait dit à nos
pères, -Envers Abraham et sa postérité pour
toujours.
- Marie demeura avec
Élisabeth environ trois mois. Puis elle retourna chez
elle.
- Le temps où
Élisabeth devait accoucher arriva, et elle enfanta un
fils.
- Ses voisins et ses parents
apprirent que le Seigneur avait fait éclater envers elle sa
miséricorde, et ils se réjouirent avec elle.
- Le huitième jour, ils
vinrent pour circoncire l'enfant, et ils l'appelaient Zacharie, du
nom de son père.
- Mais sa mère prit la
parole, et dit: Non, il sera appelé Jean.
- Ils lui dirent: Il n'y a dans ta
parenté personne qui soit appelé de ce nom.
- Et ils firent des signes à
son père pour savoir comment il voulait qu'on
l'appelle.
- Zacharie demanda des tablettes,
et il écrivit: Jean est son nom. Et tous furent dans
l'étonnement.
- Au même instant, sa bouche
s'ouvrit, sa langue se délia, et il parlait,
bénissant Dieu.
- La crainte s'empara de tous les
habitants d'alentour, et, dans toutes les montagnes de la
Judée, on s'entretenait de toutes ces choses.
- Tous ceux qui les apprirent les
gardèrent dans leur coeur, en disant: Que sera donc cet
enfant? Et la main du Seigneur était avec lui.
- Zacharie, son père, fut
rempli du Saint Esprit, et il prophétisa, en ces
mots:
- Béni soit le Seigneur, le
Dieu d'Israël, De ce qu'il a visité et racheté
son peuple,
- Et nous a suscité un
puissant Sauveur Dans la maison de David, son serviteur,
- Comme il l'avait annoncé
par la bouche de ses saints prophètes des temps anciens,
-
- Un Sauveur qui nous
délivre de nos ennemis et de la main de tous ceux qui nous
haïssent!
- C'est ainsi qu'il manifeste sa
miséricorde envers nos pères, Et se souvient de sa
sainte alliance,
- Selon le serment par lequel il
avait juré à Abraham, notre père,
- De nous permettre, après
que nous serions délivrés de la main de nos ennemis,
De le servir sans crainte,
- En marchant devant lui dans la
sainteté et dans la justice tous les jours de notre
vie.
- Et toi, petit enfant, tu seras
appelé prophète du Très Haut; Car tu
marcheras devant la face du Seigneur, pour préparer ses
voies,
- Afin de donner à son
peuple la connaissance du salut Par le pardon de ses
péchés,
- Grâce aux entrailles de la
miséricorde de notre Dieu, En vertu de laquelle le soleil
levant nous a visités d'en haut,
- Pour éclairer ceux qui
sont assis dans les ténèbres et dans l'ombre de la
mort, Pour diriger nos pas dans le chemin de la paix.
- Or, l'enfant croissait, et se
fortifiait en esprit. Et il demeura dans les déserts,
jusqu'au jour où il se présenta devant
Israël.
[ Début ]
Chapitre 2
- En ce temps-là parut un
édit de César Auguste, ordonnant un recensement de
toute la terre.
- Ce premier recensement eut lieu
pendant que Quirinius était gouverneur de Syrie.
- Tous allaient se faire inscrire,
chacun dans sa ville.
- Joseph aussi monta de la
Galilée, de la ville de Nazareth, pour se rendre en
Judée, dans la ville de David, appelée
Bethléhem, parce qu'il était de la maison et de la
famille de David,
- afin de se faire inscrire avec
Marie, sa fiancée, qui était enceinte.
- Pendant qu'ils étaient
là, le temps où Marie devait accoucher
arriva,
- et elle enfanta son fils
premier-né. Elle l'emmaillota, et le coucha dans une
crèche, parce qu'il n'y avait pas de place pour eux dans
l'hôtellerie.
- Il y avait, dans cette même
contrée, des bergers qui passaient dans les champs les
veilles de la nuit pour garder leurs troupeaux.
- Et voici, un ange du Seigneur
leur apparut, et la gloire du Seigneur resplendit autour d'eux.
Ils furent saisis d'une grande frayeur.
- Mais l'ange leur dit: Ne craignez
point; car je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera pour tout
le peuple le sujet d'une grande joie:
- c'est qu'aujourd'hui, dans la
ville de David, il vous est né un Sauveur, qui est le
Christ, le Seigneur.
- Et voici à quel signe vous
le reconnaîtrez: vous trouverez un enfant emmailloté
et couché dans une crèche.
- Et soudain il se joignit à
l'ange une multitude de l'armée céleste, louant Dieu
et disant:
- Gloire à Dieu dans les
lieux très hauts, Et paix sur la terre parmi les hommes
qu'il agrée!
- Lorsque les anges les eurent
quittés pour retourner au ciel, les bergers se dirent les
uns aux autres: Allons jusqu'à Bethléhem, et voyons
ce qui est arrivé, ce que le Seigneur nous a fait
connaître.
- Ils y allèrent en
hâte, et ils trouvèrent Marie et Joseph, et le petit
enfant couché dans la crèche.
- Après l'avoir vu, ils
racontèrent ce qui leur avait été dit au
sujet de ce petit enfant.
- Tous ceux qui les entendirent
furent dans l'étonnement de ce que leur disaient les
bergers.
- Marie gardait toutes ces choses,
et les repassait dans son coeur.
- Et les bergers s'en
retournèrent, glorifiant et louant Dieu pour tout ce qu'ils
avaient entendu et vu, et qui était conforme à ce
qui leur avait été annoncé.
- Le huitième jour, auquel
l'enfant devait être circoncis, étant arrivé,
on lui donna le nom de Jésus, nom qu'avait indiqué
l'ange avant qu'il fût conçu dans le sein de sa
mère.
- Et, quand les jours de leur
purification furent accomplis, selon la loi de Moïse, Joseph
et Marie le portèrent à Jérusalem, pour le
présenter au Seigneur, -
- suivant ce qui est écrit
dans la loi du Seigneur: Tout mâle premier-né sera
consacré au Seigneur, -
- et pour offrir en sacrifice deux
tourterelles ou deux jeunes pigeons, comme cela est prescrit dans
la loi du Seigneur.
- Et voici, il y avait à
Jérusalem un homme appelé Siméon. Cet homme
était juste et pieux, il attendait la consolation
d'Israël, et l'Esprit Saint était sur lui.
- Il avait été
divinement averti par le Saint Esprit qu'il ne mourrait point
avant d'avoir vu le Christ du Seigneur.
- Il vint au temple, poussé
par l'Esprit. Et, comme les parents apportaient le petit enfant
Jésus pour accomplir à son égard ce
qu'ordonnait la loi,
- il le reçut dans ses bras,
bénit Dieu, et dit:
- Maintenant, Seigneur, tu laisses
ton serviteur S'en aller en paix, selon ta parole.
- Car mes yeux ont vu ton
salut,
- Salut que tu as
préparé devant tous les peuples,
- Lumière pour
éclairer les nations, Et gloire d'Israël, ton
peuple.
- Son père et sa mère
étaient dans l'admiration des choses qu'on disait de
lui.
- Siméon les bénit,
et dit à Marie, sa mère: Voici, cet enfant est
destiné à amener la chute et le relèvement de
plusieurs en Israël, et à devenir un signe qui
provoquera la contradiction,
- et à toi-même une
épée te transpercera l'âme, afin que les
pensées de beaucoup de coeurs soient
dévoilées.
- Il y avait aussi une
prophétesse, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d'Aser.
Elle était fort avancée en âge, et elle avait
vécu sept ans avec son mari depuis sa
virginité.
- Restée veuve, et
âgée de quatre vingt-quatre ans, elle ne quittait pas
le temple, et elle servait Dieu nuit et jour dans le jeûne
et dans la prière.
- Étant survenue, elle
aussi, à cette même heure, elle louait Dieu, et elle
parlait de Jésus à tous ceux qui attendaient la
délivrance de Jérusalem.
- Lorsqu'ils eurent accompli tout
ce qu'ordonnait la loi du Seigneur, Joseph et Marie
retournèrent en Galilée, à Nazareth, leur
ville.
- Or, l'enfant croissait et se
fortifiait. Il était rempli de sagesse, et la grâce
de Dieu était sur lui.
- Les parents de Jésus
allaient chaque année à Jérusalem, à
la fête de Pâque.
- Lorsqu'il fut âgé de
douze ans, ils y montèrent, selon la coutume de la
fête.
- Puis, quand les jours furent
écoulés, et qu'ils s'en retournèrent,
l'enfant Jésus resta à Jérusalem. Son
père et sa mère ne s'en aperçurent
pas.
- Croyant qu'il était avec
leurs compagnons de voyage, ils firent une journée de
chemin, et le cherchèrent parmi leurs parents et leurs
connaissances.
- Mais, ne l'ayant pas
trouvé, ils retournèrent à Jérusalem
pour le chercher.
- Au bout de trois jours, ils le
trouvèrent dans le temple, assis au milieu des docteurs,
les écoutant et les interrogeant.
- Tous ceux qui l'entendaient
étaient frappés de son intelligence et de ses
réponses.
- Quand ses parents le virent, ils
furent saisis d'étonnement, et sa mère lui dit: Mon
enfant, pourquoi as-tu agi de la sorte avec nous? Voici, ton
père et moi, nous te cherchions avec angoisse.
- Il leur dit: Pourquoi me
cherchiez-vous? Ne saviez-vous pas qu'il faut que je m'occupe des
affaires de mon Père?
- Mais ils ne comprirent pas ce
qu'il leur disait.
- Puis il descendit avec eux pour
aller à Nazareth, et il leur était soumis. Sa
mère gardait toutes ces choses dans son coeur.
- Et Jésus croissait en
sagesse, en stature, et en grâce, devant Dieu et devant les
hommes.
[ Début ]
Chapitre 3
- La quinzième année
du règne de Tibère César, -lorsque Ponce
Pilate était gouverneur de la Judée, Hérode
tétrarque de la Galilée, son frère Philippe
tétrarque de l'Iturée et du territoire de la
Trachonite, Lysanias tétrarque de l'Abilène,
- et du temps des souverains
sacrificateurs Anne et Caïphe, -la parole de Dieu fut
adressée à Jean, fils de Zacharie, dans le
désert.
- Et il alla dans tout le pays des
environs de Jourdain, prêchant le baptême de
repentance, pour la rémission des
péchés,
- selon ce qui est écrit
dans le livre des paroles d'Ésaïe, le prophète:
C'est la voix de celui qui crie dans le désert:
Préparez le chemin du Seigneur, Aplanissez ses
sentiers.
- Toute vallée sera
comblée, Toute montagne et toute colline seront
abaissées; Ce qui est tortueux sera redressé, Et les
chemins raboteux seront aplanis.
- Et toute chair verra le salut de
Dieu.
- Il disait donc à ceux qui
venaient en foule pour être baptisés par lui: Races
de vipères, qui vous a appris à fuir la
colère à venir?
- Produisez donc des fruits dignes
de la repentance, et ne vous mettez pas à dire en
vous-mêmes: Nous avons Abraham pour père! Car je vous
déclare que de ces pierres Dieu peut susciter des enfants
à Abraham.
- Déjà même la
cognée est mise à la racine des arbres: tout arbre
donc qui ne produit pas de bons fruits sera coupé et
jeté au feu.
- La foule l'interrogeait, disant:
Que devons-nous donc faire?
- Il leur répondit: Que
celui qui a deux tuniques partage avec celui qui n'en a point, et
que celui qui a de quoi manger agisse de même.
- Il vint aussi des publicains pour
être baptisés, et ils lui dirent: Maître, que
devons-nous faire?
- Il leur répondit: N'exigez
rien au delà de ce qui vous a été
ordonné.
- Des soldats aussi lui
demandèrent: Et nous, que devons-nous faire? Il leur
répondit: Ne commettez ni extorsion ni fraude envers
personne, et contentez-vous de votre solde.
- Comme le peuple était dans
l'attente, et que tous se demandaient en eux-même si Jean
n'était pas le Christ,
- il leur dit à tous: Moi,
je vous baptise d'eau; mais il vient, celui qui est plus puissant
que moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de
ses souliers. Lui, il vous baptisera du Saint Esprit et de
feu.
- Il a son van à la main; il
nettoiera son aire, et il amassera le blé dans son grenier,
mais il brûlera la paille dans un feu qui ne s'éteint
point.
- C'est ainsi que Jean
annonçait la bonne nouvelle au peuple, en lui adressant
encore beaucoup d'autres exhortations.
- Mais Hérode le
tétrarque, étant repris par Jean au sujet
d'Hérodias, femme de son frère, et pour toutes les
mauvaises actions qu'il avait commises,
- ajouta encore à toutes les
autres celle d'enfermer Jean dans la prison.
- Tout le peuple se faisant
baptiser, Jésus fut aussi baptisé; et, pendant qu'il
priait, le ciel s'ouvrit,
- et le Saint Esprit descendit sur
lui sous une forme corporelle, comme une colombe. Et une voix fit
entendre du ciel ces paroles: Tu es mon Fils bien-aimé; en
toi j'ai mis toute mon affection.
- Jésus avait environ trente
ans lorsqu'il commença son ministère, étant,
comme on le croyait, fils de Joseph, fils d'Héli,
- fils de Matthat, fils de
Lévi, fils de Melchi, fils de Jannaï, fils de
Joseph,
- fils de Mattathias, fils d'Amos,
fils de Nahum, fils d'Esli, fils de Naggaï,
- fils de Maath, fils de
Mattathias, fils de Sémeï, fils de Josech, fils de
Joda,
- fils de Joanan, fils de
Rhésa, fils de Zorobabel, fils de Salathiel, fils de
Néri,
- fils de Melchi, fils d'Addi, fils
de Kosam, fils d'Elmadam, fils D'Er,
- fils de Jésus, fils
d'Éliézer, fils de Jorim, fils de Matthat, fils de
Lévi,
- fils de Siméon, fils de
Juda, fils de Joseph, fils de Jonam, fils d'Éliakim,
- fils de Méléa, fils
de Menna, fils de Mattatha, fils de Nathan, fils de David,
- fils d'Isaï, fils de Jobed,
fils de Booz, fils de Salmon, fils de Naasson,
- fils d'Aminadab, fils d'Admin,
fils d'Arni, fils d'Esrom, fils de Pharès, fils de
Juda,
- fils de Jacob, fils d'Isaac, fils
d'Abraham, fis de Thara, fils de Nachor,
- fils de Seruch, fils de Ragau,
fils de Phalek, fils d'Éber, fils de Sala,
- fils de Kaïnam, fils
d'Arphaxad, fils de Sem, fils de Noé, fils de
Lamech,
- fils de Mathusala, fils
d'Énoch, fils de Jared, fils de Maléléel,
fils de Kaïnan,
- fils d'Énos, fils de Seth,
fils d'Adam, fils de Dieu.
[ Début ]
Chapitre 4
- Jésus, rempli du Saint
Esprit, revint du Jourdain, et il fut conduit par l'Esprit dans le
désert,
- où il fut tenté par
le diable pendant quarante jours. Il ne mangea rien durant ces
jours-là, et, après qu'ils furent
écoulés, il eut faim.
- Le diable lui dit: Si tu es Fils
de Dieu, ordonne à cette pierre qu'elle devienne du
pain.
- Jésus lui répondit:
Il est écrit: L'Homme ne vivra pas de pain
seulement.
- Le diable, l'ayant
élevé, lui montra en un instant tous les royaumes de
la terre,
- et lui dit: Je te donnerai toute
cette puissance, et la gloire de ces royaumes; car elle m'a
été donnée, et je la donne à qui je
veux.
- Si donc tu te prosternes devant
moi, elle sera toute à toi.
- Jésus lui répondit:
Il est écrit: Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu le
serviras lui seul.
- Le diable le conduisit encore
à Jérusalem, le plaça sur le haut du temple,
et lui dit: Si tu es Fils de Dieu, jette-toi d'ici en bas; car il
est écrit:
- Il donnera des ordres à
ses anges à ton sujet, Afin qu'ils te gardent;
- et: Ils te porteront sur les
mains, De peur que ton pied ne heurte contre une pierre.
- Jésus lui répondit:
Il es dit: Tu ne tenteras point le Seigneur, ton Dieu.
- Après l'avoir tenté
de toutes ces manières, le diable s'éloigna de lui
jusqu'à un moment favorable.
- Jésus, revêtu de la
puissance de l'Esprit, retourna en Galilée, et sa
renommée se répandit dans tout le pays
d'alentour.
- Il enseignait dans les
synagogues, et il était glorifié par tous.
- Il se rendit à Nazareth,
où il avait été élevé, et,
selon sa coutume, il entra dans la synagogue le jour du sabbat. Il
se leva pour faire la lecture,
- et on lui remit le livre du
prophète Ésaïe. L'ayant déroulé,
il trouva l'endroit où il était écrit:
- L'Esprit du Seigneur est sur moi,
Parce qu'il m'a oint pour annoncer une bonne nouvelle aux pauvres;
Il m'a envoyé pour guérir ceux qui ont le coeur
brisé,
- Pour proclamer aux captifs la
délivrance, Et aux aveugles le recouvrement de la vue, Pour
renvoyer libres les opprimés, Pour publier une année
de grâce du Seigneur.
- Ensuite, il roula le livre, le
remit au serviteur, et s'assit. Tous ceux qui se trouvaient dans
la synagogue avaient les regards fixés sur lui.
- Alors il commença à
leur dire: Aujourd'hui cette parole de l'Écriture, que vous
venez d'entendre, est accomplie.
- Et tous lui rendaient
témoignage; ils étaient étonnés des
paroles de grâce qui sortaient de sa bouche, et ils
disaient: N'est-ce pas le fils de Joseph?
- Jésus leur dit: Sans doute
vous m'appliquerez ce proverbe: Médecin, guéris-toi
toi-même; et vous me direz: Fais ici, dans ta patrie, tout
ce que nous avons appris que tu as fait à
Capernaüm.
- Mais, ajouta-t-il, je vous le dis
en vérité, aucun prophète n'est bien
reçu dans sa patrie.
- Je vous le dis en
vérité: il y avait plusieurs veuves en Israël
du temps d'Élie, lorsque le ciel fut fermé trois ans
et six mois et qu'il y eut une grande famine sur toute la
terre;
- et cependant Élie ne fut
envoyé vers aucune d'elles, si ce n'est vers une femme
veuve, à Sarepta, dans le pays de Sidon.
- Il y avait aussi plusieurs
lépreux en Israël du temps d'Élisée, le
prophète; et cependant aucun d'eux ne fut purifié,
si ce n'est Naaman le Syrien.
- Ils furent tous remplis de
colère dans la synagogue, lorsqu'ils entendirent ces
choses.
- Et s'étant levés,
ils le chassèrent de la ville, et le menèrent
jusqu'au sommet de la montagne sur laquelle leur ville
était bâtie, afin de le précipiter en
bas.
- Mais Jésus, passant au
milieu d'eux, s'en alla.
- Il descendit à
Capernaüm, ville de la Galilée; et il enseignait, le
jour du sabbat.
- On était frappé de
sa doctrine; car il parlait avec autorité.
- Il se trouva dans la synagogue un
homme qui avait un esprit de démon impur, et qui
s'écria d'une voix forte:
- Ah! qu'y a-t-il entre nous et
toi, Jésus de Nazareth? Tu es venu pour nous perdre. Je
sais qui tu es: le Saint de Dieu.
- Jésus le menaça,
disant: Tais-toi, et sors de cet homme. Et le démon le jeta
au milieu de l'assemblée, et sortit de lui, sans lui faire
aucun mal.
- Tous furent saisis de stupeur, et
ils se disaient les uns aux autres: Quelle est cette parole? il
commande avec autorité et puissance aux esprits impurs, et
ils sortent!
- Et sa renommée se
répandit dans tous les lieux d'alentour.
- En sortant de la synagogue, il se
rendit à la maison de Simon. La belle-mère de Simon
avait une violente fièvre, et ils le prièrent en sa
faveur.
- S'étant penché sur
elle, il menaça la fièvre, et la fièvre la
quitta. A l'instant elle se leva, et les servit.
- Après le couché du
soleil, tous ceux qui avaient des malades atteints de diverses
maladies les lui amenèrent. Il imposa les mains à
chacun d'eux, et il les guérit.
- Des démons aussi sortirent
de beaucoup de personnes, en criant et en disant: Tu es le Fils de
Dieu. Mais il les menaçait et ne leur permettait pas de
parler, parce qu'ils savaient qu'il était le Christ.
- Dès que le jour parut, il
sortit et alla dans un lieu désert. Une foule de gens se
mirent à sa recherche, et arrivèrent jusqu'à
lui; ils voulaient le retenir, afin qu'il ne les quittât
point.
- Mais il leur dit: Il faut aussi
que j'annonce aux autres villes la bonne nouvelle du royaume de
Dieu; car c'est pour cela que j'ai été
envoyé.
- Et il prêchait dans les
synagogues de la Galilée.
[ Début ]
Chapitre 5
- Comme Jésus se trouvait
auprès du lac de Génésareth, et que la foule
se pressait autour de lui pour entendre la parole de Dieu,
- il vit au bord du lac deux
barques, d'où les pêcheurs étaient descendus
pour laver leurs filets.
- Il monta dans l'une de ces
barques, qui était à Simon, et il le pria de
s'éloigner un peu de terre. Puis il s'assit, et de la
barque il enseignait la foule.
- Lorsqu'il eut cessé de
parler, il dit à Simon: Avance en pleine eau, et jetez vos
filets pour pêcher.
- Simon lui répondit:
Maître, nous avons travaillé toute la nuit sans rien
prendre; mais, sur ta parole, je jetterai le filet.
- L'ayant jeté, ils prirent
une grande quantité de poissons, et leur filet se
rompait.
- Ils firent signe à leurs
compagnons qui étaient dans l'autre barque de venir les
aider. Ils vinrent et ils remplirent les deux barques, au point
qu'elles enfonçaient.
- Quand il vit cela, Simon Pierre
tomba aux genoux de Jésus, et dit: Seigneur, retire-toi de
moi, parce que je suis un homme pécheur.
- Car l'épouvante l'avait
saisi, lui et tous ceux qui étaient avec lui, à
cause de la pêche qu'ils avaient faite.
- Il en était de même
de Jacques et de Jean, fils de Zébédée, les
associés de Simon. Alors Jésus dit à Simon:
Ne crains point; désormais tu seras pêcheur
d'hommes.
- Et, ayant ramené les
barques à terre, ils laissèrent tout, et le
suivirent.
- Jésus était dans
une des villes; et voici, un homme couvert de lèpre,
l'ayant vu, tomba sur sa face, et lui fit cette prière:
Seigneur, si tu le veux, tu peux me rendre pur.
- Jésus étendit la
main, le toucha, et dit: Je le veux, sois pur. Aussitôt la
lèpre le quitta.
- Puis il lui ordonna de n'en
parler à personne. Mais, dit-il, va te montrer au
sacrificateur, et offre pour ta purification ce que Moïse a
prescrit, afin que cela leur serve de témoignage.
- Sa renommée se
répandait de plus en plus, et les gens venaient en foule
pour l'entendre et pour être guéris de leurs
maladies.
- Et lui, il se retirait dans les
déserts, et priait.
- Un jour Jésus enseignait.
Des pharisiens et des docteurs de la loi étaient là
assis, venus de tous les villages de la Galilée, de la
Judée et de Jérusalem; et la puissance du Seigneur
se manifestait par des guérisons.
- Et voici, des gens, portant sur
un lit un homme qui était paralytique, cherchaient à
le faire entrer et à le placer sous ses regards.
- Comme ils ne savaient par
où l'introduire, à cause de la foule, ils
montèrent sur le toit, et ils le descendirent par une
ouverture, avec son lit, au milieu de l'assemblée, devant
Jésus.
- Voyant leur foi, Jésus
dit: Homme, tes péchés te sont
pardonnés.
- Les scribes et les pharisiens se
mirent à raisonner et à dire: Qui est celui-ci, qui
profère des blasphèmes? Qui peut pardonner les
péchés, si ce n'est Dieu seul?
- Jésus, connaissant leurs
pensées, prit la parole et leur dit: Quelles pensées
avez-vous dans vos coeurs?
- Lequel est le plus aisé,
de dire: Tes péchés te sont pardonnés, ou de
dire: Lève-toi, et marche?
- Or, afin que vous sachiez que le
Fils de l'homme a sur la terre le pouvoir de pardonner les
péchés: Je te l'ordonne, dit-il au paralytique,
lève-toi, prends ton lit, et va dans ta maison.
- Et, à l'instant, il se
leva en leur présence, prit le lit sur lequel il
était couché, et s'en alla dans sa maison,
glorifiant Dieu.
- Tous étaient dans
l'étonnement, et glorifiaient Dieu; remplis de crainte, ils
disaient: Nous avons vu aujourd'hui des choses
étranges.
- Après cela, Jésus
sortit, et il vit un publicain, nommé Lévi, assis au
lieu des péages. Il lui dit: Suis-moi.
- Et, laissant tout, il se leva, et
le suivit.
- Lévi lui donna un grand
festin dans sa maison, et beaucoup de publicains et d'autres
personnes étaient à table avec eux.
- Les pharisiens et les scribes
murmurèrent, et dirent à ses disciples: Pourquoi
mangez-vous et buvez-vous avec les publicains et les gens de
mauvaise vie?
- Jésus, prenant la parole,
leur dit: Ce ne sont pas ceux qui se portent bien qui ont besoin
de médecin, mais les malades.
- Je ne suis pas venu appeler
à la repentance des justes, mais des
pécheurs.
- Ils lui dirent: Les disciples de
Jean, comme ceux des pharisiens, jeûnent fréquemment
et font des prières, tandis que les tiens mangent et
boivent.
- Il leur répondit:
Pouvez-vous faire jeûner les amis de l'époux pendant
que l'époux est avec eux?
- Les jours viendront où
l'époux leur sera enlevé, alors ils jeûneront
en ces jours-là.
- Il leur dit aussi une parabole:
Personne ne déchire d'un habit neuf un morceau pour le
mettre à un vieil habit; car, il déchire l'habit
neuf, et le morceau qu'il en a pris n'est pas assorti au
vieux.
- Et personne ne met du vin nouveau
dans de vieilles outres; autrement, le vin nouveau fait rompre les
outres, il se répand, et les outres sont perdues;
- mais il faut mettre le vin
nouveau dans des outres neuves.
- Et personne, après avoir
bu du vin vieux, ne veut du nouveau, car il dit: Le vieux est
bon.
[ Début ]
Chapitre 6
- Il arriva, un jour de sabbat
appelé second-premier, que Jésus traversait des
champs de blé. Ses disciples arrachaient des épis et
les mangeaient, après les avoir froissés dans leurs
mains.
- Quelques pharisiens leur dirent:
Pourquoi faites-vous ce qu'il n'est pas permis de faire pendant le
sabbat?
- Jésus leur
répondit: N'avez-vous pas lu ce que fit David, lorsqu'il
eut faim, lui et ceux qui étaient avec lui;
- comment il entra dans la maison
de Dieu, prit les pains de proposition, en mangea, et en donna
à ceux qui étaient avec lui, bien qu'il ne soit
permis qu'aux sacrificateurs de les manger?
- Et il leur dit: Le Fils de
l'homme est maître même du sabbat.
- Il arriva, un autre jour de
sabbat, que Jésus entra dans la synagogue, et qu'il
enseignait. Il s'y trouvait un homme dont la main droite
était sèche.
- Les scribes et les pharisiens
observaient Jésus, pour voir s'il ferait une
guérison le jour du sabbat: c'était afin d'avoir
sujet de l'accuser.
- Mais il connaissait leurs
pensées, et il dit à l'homme qui avait la main
sèche: Lève-toi, et tiens-toi là au milieu.
Il se leva, et se tint debout.
- Et Jésus leur dit: Je vous
demande s'il est permis, le jour du sabbat, de faire du bien ou de
faire du mal, de sauver une personne ou de la tuer.
- Alors, promenant ses regards sur
eux tous, il dit à l'homme: Étends ta main. Il le
fit, et sa main fut guérie.
- Ils furent remplis de fureur, et
ils se consultèrent pour savoir ce qu'ils feraient à
Jésus.
- En ce temps-là,
Jésus se rendit sur la montagne pour prier, et il passa
toute la nuit à prier Dieu.
- Quand le jour parut, il appela
ses disciples, et il en choisit douze, auxquels il donna le nom
d'apôtres:
- Simon, qu'il nomma Pierre;
André, son frère; Jacques; Jean; Philippe;
Barthélemy;
- Matthieu; Thomas; Jacques, fils
d'Alphée; Simon, appelé le zélote;
- Jude, fils de Jacques; et Judas
Iscariot, qui devint traître.
- Il descendit avec eux, et
s'arrêta sur un plateau, où se trouvaient une foule
de ses disciples et une multitude de peuple de toute la
Judée, de Jérusalem, et de la contrée
maritime de Tyr et de Sidon. Ils étaient venus pour
l'entendre, et pour être guéris de leurs
maladies.
- Ceux qui étaient
tourmentés par des esprits impurs étaient
guéris.
- Et toute la foule cherchait
à le toucher, parce qu'une force sortait de lui et les
guérissait tous.
- Alors Jésus, levant les
yeux sur ses disciples, dit: Heureux vous qui êtes pauvres,
car le royaume de Dieu est à vous!
- Heureux vous qui avez faim
maintenant, car vous serez rassasiés! Heureux vous qui
pleurez maintenant, car vous serez dans la joie!
- Heureux serez-vous, lorsque les
hommes vous haïront, lorsqu'on vous chassera, vous outragera,
et qu'on rejettera votre nom comme infâme, à cause du
Fils de l'homme!
- Réjouissez-vous en ce
jour-là et tressaillez d'allégresse, parce que votre
récompense sera grande dans le ciel; car c'est ainsi que
leurs pères traitaient les prophètes.
- Mais, malheur à vous,
riches, car vous avez votre consolation!
- Malheur à vous qui
êtes rassasiés, car vous aurez faim! Malheur à
vous qui riez maintenant, car vous serez dans le deuil et dans les
larmes!
- Malheur, lorsque tous les hommes
diront du bien de vous, car c'est ainsi qu'agissaient leurs
pères à l'égard des faux
prophètes!
- Mais je vous dis, à vous
qui m'écoutez: Aimez vos ennemis, faites du bien à
ceux qui vous haïssent,
- bénissez ceux qui vous
maudissent, priez pour ceux qui vous maltraitent.
- Si quelqu'un te frappe sur une
joue, présente-lui aussi l'autre. Si quelqu'un prend ton
manteau, ne l'empêche pas de prendre encore ta
tunique.
- Donne à quiconque te
demande, et ne réclame pas ton bien à celui qui s'en
empare.
- Ce que vous voulez que les hommes
fassent pour vous, faites-le de même pour eux.
- Si vous aimez ceux qui vous
aiment, quel gré vous en saura-t-on? Les pécheurs
aussi aiment ceux qui les aiment.
- Si vous faites du bien à
ceux qui vous font du bien, quel gré vous en saura-t-on?
Les pécheurs aussi agissent de même.
- Et si vous prêtez à
ceux de qui vous espérez recevoir, quel gré vous en
saura-t-on? Les pécheurs aussi prêtent aux
pécheurs, afin de recevoir la pareille.
- Mais aimez vos ennemis, faites du
bien, et prêtez sans rien espérer. Et votre
récompense sera grande, et vous serez fils du Très
Haut, car il est bon pour les ingrats et pour les
méchants.
- Soyez donc miséricordieux,
comme votre Père est miséricordieux.
- Ne jugez point, et vous ne serez
point jugés; ne condamnez point, et vous ne serez point
condamnés; absolvez, et vous serez absous.
- Donnez, et il vous sera
donné: on versera dans votre sein une bonne mesure,
serrée, secouée et qui déborde; car on vous
mesurera avec la mesure dont vous vous serez servis.
- Il leur dit aussi cette parabole:
Un aveugle peut-il conduire un aveugle? Ne tomberont-ils pas tous
deux dans une fosse?
- Le disciple n'est pas plus que le
maître; mais tout disciple accompli sera comme son
maître.
- Pourquoi vois-tu la paille qui
est dans l'oeil de ton frère, et n'aperçois-tu pas
la poutre qui est dans ton oeil?
- Ou comment peux-tu dire à
ton frère: Frère, laisse-moi ôter la paille
qui est dans ton oeil, toi qui ne vois pas la poutre qui est dans
le tien? Hypocrite, ôte premièrement la poutre de ton
oeil, et alors tu verras comment ôter la paille qui est dans
l'oeil de ton frère.
- Ce n'est pas un bon arbre qui
porte du mauvais fruit, ni un mauvais arbre qui porte du bon
fruit.
- Car chaque arbre se connaît
à son fruit. On ne cueille pas des figues sur des
épines, et l'on ne vendange pas des raisins sur des
ronces.
- L'homme bon tire de bonnes choses
du bon trésor de son coeur, et le méchant tire de
mauvaises choses de son mauvais trésor; car c'est de
l'abondance du coeur que la bouche parle.
- Pourquoi m'appelez-vous Seigneur,
Seigneur! et ne faites-vous pas ce que je dis?
- Je vous montrerai à qui
est semblable tout homme qui vient à moi, entend mes
paroles, et les met en pratique.
- Il est semblable à un
homme qui, bâtissant une maison, a creusé,
creusé profondément, et a posé le fondement
sur le roc. Une inondation est venue, et le torrent s'est
jeté contre cette maison, sans pouvoir l'ébranler,
parce qu'elle était bien bâtie.
- Mais celui qui entend, et ne met
pas en pratique, est semblable à un homme qui a bâti
une maison sur la terre, sans fondement. Le torrent s'est
jeté contre elle: aussitôt elle est tombée, et
la ruine de cette maison a été grande.
[ Début ]
Chapitre 7
- Après avoir achevé
tous ces discours devant le peuple qui l'écoutait,
Jésus entra dans Capernaüm.
- Un centenier avait un serviteur
auquel il était très attaché, et qui se
trouvait malade, sur le point de mourir.
- Ayant entendu parler de
Jésus, il lui envoya quelques anciens des Juifs, pour le
prier de venir guérir son serviteur.
- Ils arrivèrent
auprès de Jésus, et lui adressèrent
d'instantes supplications, disant: Il mérite que tu lui
accordes cela;
- car il aime notre nation, et
c'est lui qui a bâti notre synagogue.
- Jésus, étant
allé avec eux, n'était guère
éloigné de la maison, quand le centenier envoya des
amis pour lui dire: Seigneur, ne prends pas tant de peine; car je
ne suis pas digne que tu entres sous mon toit.
- C'est aussi pour cela que je ne
me suis pas cru digne d'aller en personne vers toi. Mais dis un
mot, et mon serviteur sera guéri.
- Car, moi qui suis soumis à
des supérieurs, j'ai des soldats sous mes ordres; et je dis
à l'un: Va! et il va; à l'autre: Viens! et il vient;
et à mon serviteur: Fais cela! et il le fait.
- Lorsque Jésus entendit ces
paroles, il admira le centenier, et, se tournant vers la foule qui
le suivait, il dit: Je vous le dis, même en Israël je
n'ai pas trouvé une aussi grande foi.
- De retour à la maison, les
gens envoyés par le centenier trouvèrent
guéri le serviteur qui avait été
malade.
- Le jour suivant, Jésus
alla dans une ville appelée Naïn; ses disciples et une
grande foule faisaient route avec lui.
- Lorsqu'il fut près de la
porte de la ville, voici, on portait en terre un mort, fils unique
de sa mère, qui était veuve; et il y avait avec elle
beaucoup de gens de la ville.
- Le Seigneur, l'ayant vue, fut
ému de compassion pour elle, et lui dit: Ne pleure
pas!
- Il s'approcha, et toucha le
cercueil. Ceux qui le portaient s'arrêtèrent. Il dit:
Jeune homme, je te le dis, lève-toi!
- Et le mort s'assit, et se mit
à parler. Jésus le rendit à sa
mère.
- Tous furent saisis de crainte, et
ils glorifiaient Dieu, disant: Un grand prophète a paru
parmi nous, et Dieu a visité son peuple.
- Cette parole sur Jésus se
répandit dans toute la Judée et dans tout le pays
d'alentour.
- Jean fut informé de toutes
ces choses par ses disciples.
- Il en appela deux, et les envoya
vers Jésus, pour lui dire: Es-tu celui qui doit venir, ou
devons-nous en attendre un autre?
- Arrivés auprès de
Jésus, ils dirent: Jean Baptiste nous a envoyés vers
toi, pour dire: Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en
attendre un autre?
- A l'heure même,
Jésus guérit plusieurs personnes de maladies,
d'infirmités, et d'esprits malins, et il rendit la vue
à plusieurs aveugles.
- Et il leur répondit: Allez
rapporter à Jean ce que vous avez vu et entendu: les
aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont
purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, la
bonne nouvelle est annoncée aux pauvres.
- Heureux celui pour qui je ne
serai pas une occasion de chute!
- Lorsque les envoyés de
Jean furent partis, Jésus se mit à dire à la
foule, au sujet de Jean: Qu'êtes-vous allés voir au
désert? un roseau agité par le vent?
- Mais, qu'êtes-vous
allés voir? un homme vêtu d'habits précieux?
Voici, ceux qui portent des habits magnifiques, et qui vivent dans
les délices, sont dans les maisons des rois.
- Qu'êtes-vous donc
allés voir? un prophète? Oui, vous dis-je, et plus
qu'un prophète.
- C'est celui dont il est
écrit: Voici, j'envoie mon messager devant ta face, Pour
préparer ton chemin devant toi.
- Je vous le dis, parmi ceux qui
sont nés de femmes, il n'y en a point de plus grand que
Jean. Cependant, le plus petit dans le royaume de Dieu est plus
grand que lui.
- Et tout le peuple qui l'a entendu
et même les publicains ont justifié Dieu, en se
faisant baptiser du baptême de Jean;
- mais les pharisiens et les
docteurs de la loi, en ne se faisant pas baptiser par lui, ont
rendu nul à leur égard le dessein de Dieu.
- A qui donc comparerai-je les
hommes de cette génération, et à qui
ressemblent-ils?
- Ils ressemblent aux enfants assis
dans la place publique, et qui, se parlant les uns aux autres,
disent: Nous vous avons joué de la flûte, et vous
n'avez pas dansé; nous vous avons chanté des
complaintes, et vous n'avez pas pleuré.
- Car Jean Baptiste est venu, ne
mangeant pas de pain et ne buvant pas de vin, et vous dites: Il a
un démon.
- Le Fils de l'homme est venu,
mangeant et buvant, et vous dites: C'est un mangeur et un buveur,
un ami des publicains et des gens de mauvaise vie.
- Mais la sagesse a
été justifiée par tous ses enfants.
- Un pharisien pria Jésus de
manger avec lui. Jésus entra dans la maison du pharisien,
et se mit à table.
- Et voici, une femme
pécheresse qui se trouvait dans la ville, ayant su qu'il
était à table dans la maison du pharisien, apporta
un vase d'albâtre plein de parfum,
- et se tint derrière, aux
pieds de Jésus. Elle pleurait; et bientôt elle lui
mouilla les pieds de ses larmes, puis les essuya avec ses cheveux,
les baisa, et les oignit de parfum.
- Le pharisien qui l'avait
invité, voyant cela, dit en lui-même: Si cet homme
était prophète, il connaîtrait qui et de
quelle espèce est la femme qui le touche, il
connaîtrait que c'est une pécheresse.
- Jésus prit la parole, et
lui dit: Simon, j'ai quelque chose à te dire.
-Maître, parle, répondit-il. -
- Un créancier avait deux
débiteurs: l'un devait cinq cents deniers, et l'autre
cinquante.
- Comme ils n'avaient pas de quoi
payer, il leur remit à tous deux leur dette. Lequel
l'aimera le plus?
- Simon répondit: Celui, je
pense, auquel il a le plus remis. Jésus lui dit: Tu as bien
jugé.
- Puis, se tournant vers la femme,
il dit à Simon: Vois-tu cette femme? Je suis entré
dans ta maison, et tu ne m'as point donné d'eau pour laver
mes pieds; mais elle, elle les a mouillés de ses larmes, et
les a essuyés avec ses cheveux.
- Tu ne m'as point donné de
baiser; mais elle, depuis que je suis entré, elle n'a point
cessé de me baiser les pieds.
- Tu n'as point versé
d'huile sur ma tête; mais elle, elle a versé du
parfum sur mes pieds.
- C'est pourquoi, je te le dis, ses
nombreux péchés ont été
pardonnés: car elle a beaucoup aimé. Mais celui
à qui on pardonne peu aime peu.
- Et il dit à la femme: Tes
péchés sont pardonnés.
- Ceux qui étaient à
table avec lui se mirent à dire en eux-mêmes: Qui est
celui-ci, qui pardonne même les péchés?
- Mais Jésus dit à la
femme: Ta foi t'a sauvée, va en paix.
[ Début ]
Chapitre 8
- Ensuite, Jésus allait de
ville en ville et de village en village, prêchant et
annonçant la bonne nouvelle du royaume de Dieu.
- Les douze étaient avec de
lui et quelques femmes qui avaient été
guéries d'esprits malins et de maladies: Marie, dite de
Magdala, de laquelle étaient sortis sept
démons,
- Jeanne, femme de Chuza, intendant
d'Hérode, Susanne, et plusieurs autres, qui l'assistaient
de leurs biens.
- Une grande foule s'étant
assemblée, et des gens étant venus de diverses
villes auprès de lui, il dit cette parabole:
- Un semeur sortit pour semer sa
semence. Comme il semait, une partie de la semence tomba le long
du chemin: elle fut foulée aux pieds, et les oiseaux du
ciel la mangèrent.
- Une autre partie tomba sur le
roc: quand elle fut levée, elle sécha, parce qu'elle
n'avait point d'humidité.
- Une autre partie tomba au milieu
des épines: les épines crûrent avec elle, et
l'étouffèrent.
- Une autre partie tomba dans la
bonne terre: quand elle fut levée, elle donna du fruit au
centuple. Après avoir ainsi parlé, Jésus dit
à haute voix: Que celui qui a des oreilles pour entendre
entende!
- Ses disciples lui
demandèrent ce que signifiait cette parabole.
- Il répondit: Il vous a
été donné de connaître les
mystères du royaume de Dieu; mais pour les autres, cela
leur est dit en paraboles, afin qu'en voyant ils ne voient point,
et qu'en entendant ils ne comprennent point.
- Voici ce que signifie cette
parabole: La semence, c'est la parole de Dieu.
- Ceux qui sont le long du chemin,
ce sont ceux qui entendent; puis le diable vient, et enlève
de leur coeur la parole, de peur qu'ils ne croient et soient
sauvés.
- Ceux qui sont sur le roc, ce sont
ceux qui, lorsqu'ils entendent la parole, la reçoivent avec
joie; mais ils n'ont point de racine, ils croient pour un temps,
et ils succombent au moment de la tentation.
- Ce qui est tombé parmi les
épines, ce sont ceux qui, ayant entendu la parole, s'en
vont, et la laissent étouffer par les soucis, les richesses
et les plaisirs de la vie, et ils ne portent point de fruit qui
vienne à maturité.
- Ce qui est tombé dans la
bonne terre, ce sont ceux qui, ayant entendu la parole avec un
coeur honnête et bon, la retiennent, et portent du fruit
avec persévérance.
- Personne, après avoir
allumé une lampe, ne la couvre d'un vase, ou ne la met sous
un lit; mais il la met sur un chandelier, afin que ceux qui
entrent voient la lumière.
- Car il n'est rien de caché
qui ne doive être découvert, rien de secret qui ne
doive être connu et mis au jour.
- Prenez donc garde à la
manière dont vous écoutez; car on donnera à
celui qui a, mais à celui qui n'a pas on ôtera
même ce qu'il croit avoir.
- La mère et les
frères de Jésus vinrent le trouver; mais ils ne
purent l'aborder, à cause de la foule.
- On lui dit: Ta mère et tes
frères sont dehors, et ils désirent te voir.
- Mais il répondit: Ma
mère et mes frères, ce sont ceux qui écoutent
la parole de Dieu, et qui la mettent en pratique.
- Un jour, Jésus monta dans
une barque avec ses disciples. Il leur dit: Passons de l'autre
côté du lac. Et ils partirent.
- Pendant qu'ils naviguaient,
Jésus s'endormit. Un tourbillon fondit sur le lac, la
barque se remplissait d'eau, et ils étaient en
péril.
- Ils s'approchèrent et le
réveillèrent, en disant: Maître, maître,
nous périssons! S'étant réveillé, il
menaça le vent et les flots, qui s'apaisèrent, et le
calme revint.
- Puis il leur dit: Où est
votre foi? Saisis de frayeur et d'étonnement, ils se dirent
les uns aux autres: Quel est donc celui-ci, qui commande
même au vent et à l'eau, et à qui ils
obéissent?
- Ils abordèrent dans le
pays des Géraséniens, qui est vis-à-vis de la
Galilée.
- Lorsque Jésus fut descendu
à terre, il vint au-devant de lui un homme de la ville, qui
était possédé de plusieurs démons.
Depuis longtemps il ne portait point de vêtement, et avait
sa demeure non dans une maison, mais dans les
sépulcres.
- Ayant vu Jésus, il poussa
un cri, se jeta à ses pieds, et dit d'une voix forte: Qu'y
a-t-il entre moi et toi, Jésus, Fils du Dieu Très
Haut? Je t'en supplie, ne me tourmente pas.
- Car Jésus commandait
à l'esprit impur de sortir de cet homme, dont il
s'était emparé depuis longtemps; on le gardait
lié de chaînes et les fers aux pieds, mais il rompait
les liens, et il était entraîné par le
démon dans les déserts.
- Jésus lui demanda: Quel
est ton nom? Légion, répondit-il. Car plusieurs
démons étaient entrés en lui.
- Et ils priaient instamment
Jésus de ne pas leur ordonner d'aller dans
l'abîme.
- Il y avait là, dans la
montagne, un grand troupeau de pourceaux qui paissaient. Et les
démons supplièrent Jésus de leur permettre
d'entrer dans ces pourceaux. Il le leur permit.
- Les démons sortirent de
cet homme, entrèrent dans les pourceaux, et le troupeau se
précipita des pentes escarpées dans le lac, et se
noya.
- Ceux qui les faisaient
paître, voyant ce qui était arrivé,
s'enfuirent, et répandirent la nouvelle dans la ville et
dans les campagnes.
- Les gens allèrent voir ce
qui était arrivé. Ils vinrent auprès de
Jésus, et ils trouvèrent l'homme de qui
étaient sortis les démons, assis à ses pieds,
vêtu, et dans son bon sens; et ils furent saisis de
frayeur.
- Ceux qui avaient vu ce qui
s'était passé leur racontèrent comment le
démoniaque avait été guéri.
- Tous les habitants du pays des
Géraséniens prièrent Jésus de
s'éloigner d'eux, car ils étaient saisis d'une
grande crainte. Jésus monta dans la barque, et s'en
retourna.
- L'homme de qui étaient
sortis les démons lui demandait la permission de rester
avec lui. Mais Jésus le renvoya, en disant:
- Retourne dans ta maison, et
raconte tout ce que Dieu t'a fait. Il s'en alla, et publia par
toute la ville tout ce que Jésus avait fait pour
lui.
- A son retour, Jésus fut
reçu par la foule, car tous l'attendaient.
- Et voici, il vint un homme,
nommé Jaïrus, qui était chef de la synagogue.
Il se jeta à ses pieds, et le supplia d'entrer dans sa
maison,
- parce qu'il avait une fille
unique d'environ douze ans qui se mourait. Pendant que
Jésus y allait, il était pressé par la
foule.
- Or, il y avait une femme atteinte
d'une perte de sang depuis douze ans, et qui avait
dépensé tout son bien pour les médecins, sans
qu'aucun ait pu la guérir.
- Elle s'approcha par
derrière, et toucha le bord du vêtement de
Jésus. Au même instant la perte de sang
s'arrêta.
- Et Jésus dit: Qui m'a
touché? Comme tous s'en défendaient, Pierre et ceux
qui étaient avec lui dirent: Maître, la foule
t'entoure et te presse, et tu dis: Qui m'a touché?
- Mais Jésus
répondit: Quelqu'un m'a touché, car j'ai connu
qu'une force était sortie de moi.
- La femme, se voyant
découverte, vint toute tremblante se jeter à ses
pieds, et déclara devant tout le peuple pourquoi elle
l'avait touché, et comment elle avait été
guérie à l'instant.
- Jésus lui dit: Ma fille,
ta foi t'a sauvée; va en paix.
- Comme il parlait encore, survint
de chez le chef de la synagogue quelqu'un disant: Ta fille est
morte; n'importune pas le maître.
- Mais Jésus, ayant entendu
cela, dit au chef de la synagogue: Ne crains pas, crois seulement,
et elle sera sauvée.
- Lorsqu'il fut arrivé
à la maison, il ne permit à personne d'entrer avec
lui, si ce n'est à Pierre, à Jean et à
Jacques, et au père et à la mère de
l'enfant.
- Tous pleuraient et se lamentaient
sur elle. Alors Jésus dit: Ne pleurez pas; elle n'est pas
morte, mais elle dort.
- Et ils se moquaient de lui,
sachant qu'elle était morte.
- Mais il la saisit par la main, et
dit d'une voix forte: Enfant, lève-toi.
- Et son esprit revint en elle, et
à l'instant elle se leva; et Jésus ordonna qu'on lui
donnât à manger.
- Les parents de la jeune fille
furent dans l'étonnement, et il leur recommanda de ne dire
à personne ce qui était arrivé.
[ Début ]
Chapitre 9
- Jésus, ayant
assemblé les douze, leur donna force et pouvoir sur tous
les démons, avec la puissance de guérir les
maladies.
- Il les envoya prêcher le
royaume de Dieu, et guérir les malades.
- Ne prenez rien pour le voyage,
leur dit-il, ni bâton, ni sac, ni pain, ni argent, et n'ayez
pas deux tuniques.
- Dans quelque maison que vous
entriez, restez-y; et c'est de là que vous partirez.
- Et, si les gens ne vous
reçoivent pas, sortez de cette ville, et secouez la
poussière de vos pieds, en témoignage contre
eux.
- Ils partirent, et ils
allèrent de village en village, annonçant la bonne
nouvelle et opérant partout des guérisons.
- Hérode le tétrarque
entendit parler de tout ce qui se passait, et il ne savait que
penser. Car les uns disaient que Jean était
ressuscité des morts;
- d'autres, qu'Élie
était apparu; et d'autres, qu'un des anciens
prophètes était ressuscité.
- Mais Hérode disait: J'ai
fait décapiter Jean; qui donc est celui-ci, dont j'entends
dire de telles choses? Et il cherchait à le voir.
- Les apôtres, étant
de retour, racontèrent à Jésus tout ce qu'ils
avaient fait. Il les prit avec lui, et se retira à
l'écart, du côté d'une ville appelée
Bethsaïda.
- Les foules, l'ayant su, le
suivirent. Jésus les accueillit, et il leur parlait du
royaume de Dieu; il guérit aussi ceux qui avaient besoin
d'être guéris.
- Comme le jour commençait
à baisser, les douze s'approchèrent, et lui dirent:
Renvoie la foule, afin qu'elle aille dans les villages et dans les
campagnes des environs, pour se loger et pour trouver des vivres;
car nous sommes ici dans un lieu désert.
- Jésus leur dit:
Donnez-leur vous-mêmes à manger. Mais ils
répondirent: Nous n'avons que cinq pains et deux poissons,
à moins que nous n'allions nous-mêmes acheter des
vivres pour tout ce peuple.
- Or, il y avait environ cinq mille
hommes. Jésus dit à ses disciples: Faites-les
asseoir par rangées de cinquante.
- Ils firent ainsi, ils les firent
tous asseoir.
- Jésus prit les cinq pains
et les deux poissons, et, levant les yeux vers le ciel, il les
bénit. Puis, il les rompit, et les donna aux disciples,
afin qu'ils les distribuassent à la foule.
- Tous mangèrent et furent
rassasiés, et l'on emporta douze paniers pleins des
morceaux qui restaient.
- Un jour que Jésus priait
à l'écart, ayant avec lui ses disciples, il leur
posa cette question: Qui dit-on que je suis?
- Ils répondirent: Jean
Baptiste; les autres, Élie; les autres, qu'un des anciens
prophètes est ressuscité.
- Et vous, leur demanda-t-il, qui
dites-vous que je suis? Pierre répondit: Le Christ de
Dieu.
- Jésus leur recommanda
sévèrement de ne le dire à personne.
- Il ajouta qu'il fallait que le
Fils de l'homme souffrît beaucoup, qu'il fût
rejeté par les anciens, par les principaux sacrificateurs
et par les scribes, qu'il fût mis à mort, et qu'il
ressuscitât le troisième jour.
- Puis il dit à tous: Si
quelqu'un veut venir après moi, qu'il renonce à
lui-même, qu'il se charge chaque jour de sa croix, et qu'il
me suive.
- Car celui qui voudra sauver sa
vie la perdra, mais celui qui la perdra à cause de moi la
sauvera.
- Et que servirait-il à un
homme de gagner tout le monde, s'il se détruisait ou se
perdait lui-même?
- Car quiconque aura honte de moi
et de mes paroles, le Fils de l'homme aura honte de lui, quand il
viendra dans sa gloire, et dans celle du Père et des saints
anges.
- Je vous le dis en
vérité, quelques-uns de ceux qui sont ici ne
mourront point qu'ils n'aient vu le royaume de Dieu.
- Environ huit jours après
qu'il eut dit ces paroles, Jésus prit avec lui Pierre, Jean
et Jacques, et il monta sur la montagne pour prier.
- Pendant qu'il priait, l'aspect de
son visage changea, et son vêtement devint d'une
éclatante blancheur.
- Et voici, deux hommes
s'entretenaient avec lui: c'étaient Moïse et
Élie,
- qui, apparaissant dans la gloire,
parlaient de son départ qu'il allait accomplir à
Jérusalem.
- Pierre et ses compagnons
étaient appesantis par le sommeil; mais, s'étant
tenus éveillés, ils virent la gloire de Jésus
et les deux hommes qui étaient avec lui.
- Au moment où ces hommes se
séparaient de Jésus, Pierre lui dit: Maître,
il est bon que nous soyons ici; dressons trois tentes, une pour
toi, une pour Moïse, et une pour Élie. Il ne savait ce
qu'il disait.
- Comme il parlait ainsi, une
nuée vint les couvrir; et les disciples furent saisis de
frayeur en les voyant entrer dans la nuée.
- Et de la nuée sortit une
voix, qui dit: Celui-ci est mon Fils élu:
écoutez-le!
- Quand la voix se fit entendre,
Jésus se trouva seul. Les disciples gardèrent le
silence, et ils ne racontèrent à personne, en ce
temps-là, rien de ce qu'ils avaient vu.
- Le lendemain, lorsqu'ils furent
descendus de la montagne, une grande foule vint au-devant de
Jésus.
- Et voici, du milieu de la foule
un homme s'écria: Maître, je t'en prie, porte les
regards sur mon fils, car c'est mon fils unique.
- Un esprit le saisit, et
aussitôt il pousse des cris; et l'esprit l'agite avec
violence, le fait écumer, et a de la peine à se
retirer de lui, après l'avoir tout brisé.
- J'ai prié tes disciples de
le chasser, et ils n'ont pas pu.
- Race incrédule et
perverse, répondit Jésus, jusqu'à quand
serai-je avec vous, et vous supporterai-je? Amène ici ton
fils.
- Comme il approchait, le
démon le jeta par terre, et l'agita avec violence. Mais
Jésus menaça l'esprit impur, guérit l'enfant,
et le rendit à son père.
- Et tous furent frappés de
la grandeur de Dieu. Tandis que chacun était dans
l'admiration de tout ce que faisait Jésus, il dit à
ses disciples:
- Pour vous, écoutez bien
ceci: Le Fils de l'homme doit être livré entre les
mains des hommes.
- Mais les disciples ne
comprenaient pas cette parole; elle était voilée
pour eux, afin qu'ils n'en eussent pas le sens; et ils craignaient
de l'interroger à ce sujet.
- Or, une pensée leur vint
à l'esprit, savoir lequel d'entre eux était le plus
grand.
- Jésus, voyant la
pensée de leur coeur, prit un petit enfant, le plaça
près de lui,
- et leur dit: Quiconque
reçoit en mon nom ce petit enfant me reçoit
moi-même; et quiconque me reçoit reçoit celui
qui m'a envoyé. Car celui qui est le plus petit parmi vous
tous, c'est celui-là qui est grand.
- Jean prit la parole, et dit:
Maître, nous avons vu un homme qui chasse des démons
en ton nom; et nous l'en avons empêché, parce qu'il
ne nous suit pas.
- Ne l'en empêchez pas, lui
répondit Jésus; car qui n'est pas contre vous est
pour vous.
- Lorsque le temps où il
devait être enlevé du monde approcha, Jésus
prit la résolution de se rendre à
Jérusalem.
- Il envoya devant lui des
messagers, qui se mirent en route et entrèrent dans un
bourg des Samaritains, pour lui préparer un
logement.
- Mais on ne le reçut pas,
parce qu'il se dirigeait sur Jérusalem.
- Les disciples Jacques et Jean,
voyant cela, dirent: Seigneur, veux-tu que nous commandions que le
feu descende du ciel et les consume?
- Jésus se tourna vers eux,
et les réprimanda, disant: Vous ne savez de quel esprit
vous êtes animés.
- Car le Fils de l'homme est venu,
non pour perdre les âmes des hommes, mais pour les sauver.
Et ils allèrent dans un autre bourg.
- Pendant qu'ils étaient en
chemin, un homme lui dit: Seigneur, je te suivrai partout
où tu iras.
- Jésus lui répondit:
Les renards ont des tanières, et les oiseaux du ciel ont
des nids: mais le Fils de l'homme n'a pas un lieu où il
puisse reposer sa tête.
- Il dit à un autre:
Suis-moi. Et il répondit: Seigneur, permets-moi d'aller
d'abord ensevelir mon père.
- Mais Jésus lui dit: Laisse
les morts ensevelir leurs morts; et toi, va annoncer le royaume de
Dieu.
- Un autre dit: Je te suivrai,
Seigneur, mais permets-moi d'aller d'abord prendre congé de
ceux de ma maison.
- Jésus lui répondit:
Quiconque met la main à la charrue, et regarde en
arrière, n'est pas propre au royaume de Dieu.
[ Début ]
Chapitre 10
- Après cela, le Seigneur
désigna encore soixante-dix autres disciples, et il les
envoya deux à deux devant lui dans toutes les villes et
dans tous les lieux où lui-même devait aller.
- Il leur dit: La moisson est
grande, mais il y a peu d'ouvriers. Priez donc le maître de
la moisson d'envoyer des ouvriers dans sa moisson.
- Partez; voici, je vous envoie
comme des agneaux au milieu des loups.
- Ne portez ni bourse, ni sac, ni
souliers, et ne saluez personne en chemin.
- Dans quelque maison que vous
entriez, dites d'abord: Que la paix soit sur cette maison!
- Et s'il se trouve là un
enfant de paix, votre paix reposera sur lui; sinon, elle reviendra
à vous.
- Demeurez dans cette
maison-là, mangeant et buvant ce qu'on vous donnera; car
l'ouvrier mérite son salaire. N'allez pas de maison en
maison.
- Dans quelque ville que vous
entriez, et où l'on vous recevra, mangez ce qui vous sera
présenté,
- guérissez les malades qui
s'y trouveront, et dites-leur: Le royaume de Dieu s'est
approché de vous.
- Mais dans quelque ville que vous
entriez, et où l'on ne vous recevra pas, allez dans ses
rues, et dites:
- Nous secouons contre vous la
poussière même de votre ville qui s'est
attachée à nos pieds; sachez cependant que le
royaume de Dieu s'est approché.
- Je vous dis qu'en ce jour Sodome
sera traitée moins rigoureusement que cette
ville-là.
- Malheur à toi, Chorazin!
malheur à toi, Bethsaïda! car, si les miracles qui ont
été faits au milieu de vous avaient
été faits dans Tyr et dans Sidon, il y a longtemps
qu'elles se seraient repenties, en prenant le sac et la
cendre.
- C'est pourquoi, au jour du
jugement, Tyr et Sidon seront traitées moins rigoureusement
que vous.
- Et toi, Capernaüm, qui as
été élevée jusqu'au ciel, tu seras
abaissée jusqu'au séjour des morts.
- Celui qui vous écoute
m'écoute, et celui qui vous rejette me rejette; et celui
qui me rejette rejette celui qui m'a envoyé.
- Les soixante-dix revinrent avec
joie, disant: Seigneur, les démons mêmes nous sont
soumis en ton nom.
- Jésus leur dit: Je voyais
Satan tomber du ciel comme un éclair.
- Voici, je vous ai donné le
pouvoir de marcher sur les serpents et les scorpions, et sur toute
la puissance de l'ennemi; et rien ne pourra vous nuire.
- Cependant, ne vous
réjouissez pas de ce que les esprits vous sont soumis; mais
réjouissez-vous de ce que vos noms sont écrits dans
les cieux.
- En ce moment même,
Jésus tressaillit de joie par le Saint Esprit, et il dit:
Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce
que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents,
et de ce que tu les as révélées aux enfants.
Oui, Père, je te loue de ce que tu l'as voulu ainsi.
- Toutes choses m'ont
été données par mon Père, et personne
ne connaît qui est le Fils, si ce n'est le Père, ni
qui est le Père, si ce n'est le Fils et celui à qui
le Fils veut le révéler.
- Et, se tournant vers les
disciples, il leur dit en particulier: Heureux les yeux qui voient
ce que vous voyez!
- Car je vous dis que beaucoup de
prophètes et de rois ont désiré voir ce que
vous voyez, et ne l'ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et
ne l'ont pas entendu.
- Un docteur de la loi se leva, et
dit à Jésus, pour l'éprouver: Maître,
que dois-je faire pour hériter la vie
éternelle?
- Jésus lui dit: Qu'est-il
écrit dans la loi? Qu'y lis-tu?
- Il répondit: Tu aimeras le
Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme, de
toute ta force, et de toute ta pensée; et ton prochain
comme toi-même.
- Tu as bien répondu, lui
dit Jésus; fais cela, et tu vivras.
- Mais lui, voulant se justifier,
dit à Jésus: Et qui est mon prochain?
- Jésus reprit la parole, et
dit: Un homme descendait de Jérusalem à
Jéricho. Il tomba au milieu des brigands, qui le
dépouillèrent, le chargèrent de coups, et
s'en allèrent, le laissant à demi mort.
- Un sacrificateur, qui par hasard
descendait par le même chemin, ayant vu cet homme, passa
outre.
- Un Lévite, qui arriva
aussi dans ce lieu, l'ayant vu, passa outre.
- Mais un Samaritain, qui
voyageait, étant venu là, fut ému de
compassion lorsqu'il le vit.
- Il s'approcha, et banda ses
plaies, en y versant de l'huile et du vin; puis il le mit sur sa
propre monture, le conduisit à une hôtellerie, et
prit soin de lui.
- Le lendemain, il tira deux
deniers, les donna à l'hôte, et dit: Aie soin de lui,
et ce que tu dépenseras de plus, je te le rendrai à
mon retour.
- Lequel de ces trois te semble
avoir été le prochain de celui qui était
tombé au milieu des brigands?
- C'est celui qui a exercé
la miséricorde envers lui, répondit le docteur de la
loi. Et Jésus lui dit: Va, et toi, fais de
même.
- Comme Jésus était
en chemin avec ses disciples, il entra dans un village, et une
femme, nommée Marthe, le reçut dans sa
maison.
- Elle avait une soeur,
nommée Marie, qui, s'étant assise aux pieds du
Seigneur, écoutait sa parole.
- Marthe, occupée à
divers soins domestiques, survint et dit: Seigneur, cela ne te
fait-il rien que ma soeur me laisse seule pour servir? Dis-lui
donc de m'aider.
- Le Seigneur lui répondit:
Marthe, Marthe, tu t'inquiètes et tu t'agites pour beaucoup
de choses.
- Une seule chose est
nécessaire. Marie a choisi la bonne part, qui ne lui sera
point ôtée.
[ Début ]
Chapitre 11
- Jésus priait un jour en un
certain lieu. Lorsqu'il eut achevé, un de ses disciples lui
dit: Seigneur, enseigne-nous à prier, comme Jean l'a
enseigné à ses disciples.
- Il leur dit: Quand vous priez,
dites: Père! Que ton nom soit sanctifié; que ton
règne vienne.
- Donne-nous chaque jour notre pain
quotidien;
- pardonne-nous nos
péchés, car nous aussi nous pardonnons à
quiconque nous offense; et ne nous induis pas en tentation.
- Il leur dit encore: Si l'un de
vous a un ami, et qu'il aille le trouver au milieu de la nuit pour
lui dire: Ami, prête-moi trois pains,
- car un de mes amis est
arrivé de voyage chez moi, et je n'ai rien à lui
offrir,
- et si, de l'intérieur de
sa maison, cet ami lui répond: Ne m'importune pas, la porte
est déjà fermée, mes enfants et moi sommes au
lit, je ne puis me lever pour te donner des pains, -
- je vous le dis, même s'il
ne se levait pas pour les lui donner parce que c'est son ami, il
se lèverait à cause de son importunité et lui
donnerait tout ce dont il a besoin.
- Et moi, je vous dis: Demandez, et
l'on vous donnera; cherchez, et vous trouverez; frappez, et l'on
vous ouvrira.
- Car quiconque demande
reçoit, celui qui cherche trouve, et l'on ouvre à
celui qui frappe.
- Quel est parmi vous le
père qui donnera une pierre à son fils, s'il lui
demande du pain? Ou, s'il demande un poisson, lui donnera-t-il un
serpent au lieu d'un poisson?
- Ou, s'il demande un oeuf, lui
donnera-t-il un scorpion?
- Si donc, méchants comme
vous l'êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos
enfants, à combien plus forte raison le Père
céleste donnera-t-il le Saint Esprit à ceux qui le
lui demandent.
- Jésus chassa un
démon qui était muet. Lorsque le démon fut
sorti, le muet parla, et la foule fut dans l'admiration.
- Mais quelques-uns dirent: c'est
par Béelzébul, le prince des démons, qu'il
chasse les démons.
- Et d'autres, pour
l'éprouver, lui demandèrent un signe venant du
ciel.
- Comme Jésus connaissait
leurs pensées, il leur dit: Tout royaume divisé
contre lui-même est dévasté, et une maison
s'écroule sur une autre.
- Si donc Satan est divisé
contre lui-même, comment son royaume subsistera-t-il,
puisque vous dites que je chasse les démons par
Béelzébul?
- Et si moi, je chasse les
démons par Béelzébul, vos fils, par qui les
chassent-ils? C'est pourquoi ils seront eux-mêmes vos
juges.
- Mais, si c'est par le doigt de
Dieu que je chasse les démons, le royaume de Dieu est donc
venu vers vous.
- Lorsqu'un homme fort et bien
armé garde sa maison, ce qu'il possède est en
sûreté.
- Mais, si un plus fort que lui
survient et le dompte, il lui enlève toutes les armes dans
lesquelles il se confiait, et il distribue ses
dépouilles.
- Celui qui n'est pas avec moi est
contre moi, et celui qui n'assemble pas avec moi disperse.
- Lorsque l'esprit impur est sorti
d'un homme, il va dans des lieux arides, pour chercher du repos.
N'en trouvant point, il dit: Je retournerai dans ma maison
d'où je suis sorti;
- et, quand il arrive, il la trouve
balayée et ornée.
- Alors il s'en va, et il prend
sept autres esprits plus méchants que lui; ils entrent dans
la maison, s'y établissent, et la dernière condition
de cet homme est pire que la première.
- Tandis que Jésus parlait
ainsi, une femme, élevant la voix du milieu de la foule,
lui dit: Heureux le sein qui t'a porté! heureuses les
mamelles qui t'ont allaité!
- Et il répondit: Heureux
plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la
gardent!
- Comme le peuple s'amassait en
foule, il se mit à dire: Cette génération est
une génération méchante; elle demande un
miracle; il ne lui sera donné d'autre miracle que celui de
Jonas.
- Car, de même que Jonas fut
un signe pour les Ninivites, de même le Fils de l'homme en
sera un pour cette génération.
- La reine du Midi se
lèvera, au jour du jugement, avec les hommes de cette
génération et les condamnera, parce qu'elle vint des
extrémités de la terre pour entendre la sagesse de
Salomon; et voici, il y a ici plus que Salomon.
- Les hommes de Ninive se
lèveront, au jour du jugement, avec cette
génération et la condamneront, parce qu'ils se
repentirent à la prédication de Jonas; et voici, il
y a ici plus que Jonas.
- Personne n'allume une lampe pour
la mettre dans un lieu caché ou sous le boisseau, mais on
la met sur le chandelier, afin que ceux qui entrent voient la
lumière.
- Ton oeil est la lampe de ton
corps. Lorsque ton oeil est en bon état, tout ton corps est
éclairé; mais lorsque ton oeil est en mauvais
état, ton corps est dans les ténèbres.
- Prends donc garde que la
lumière qui est en toi ne soit
ténèbres.
- Si donc tout ton corps est
éclairé, n'ayant aucune partie dans les
ténèbres, il sera entièrement
éclairé, comme lorsque la lampe t'éclaire de
sa lumière.
- Pendant que Jésus parlait,
un pharisien le pria de dîner chez lui. Il entra, et se mit
à table.
- Le pharisien vit avec
étonnement qu'il ne s'était pas lavé avant le
repas.
- Mais le Seigneur lui dit: Vous,
pharisiens, vous nettoyez le dehors de la coupe et du plat, et
à l'intérieur vous êtes pleins de rapine et de
méchanceté.
- Insensés! celui qui a fait
le dehors n'a-t-il pas fait aussi le dedans?
- Donnez plutôt en
aumônes ce qui est dedans, et voici, toutes choses seront
pures pour vous.
- Mais malheur à vous,
pharisiens! parce que vous payez la dîme de la menthe, de la
rue, et de toutes les herbes, et que vous négligez la
justice et l'amour de Dieu: c'est là ce qu'il fallait
pratiquer, sans omettre les autres choses.
- Malheur à vous,
pharisiens! parce que vous aimez les premiers sièges dans
les synagogues, et les salutations dans les places
publiques.
- Malheur à vous! parce que
vous êtes comme les sépulcres qui ne paraissent pas,
et sur lesquels on marche sans le savoir.
- Un des docteurs de la loi prit la
parole, et lui dit: Maître, en parlant de la sorte, c'est
aussi nous que tu outrages.
- Et Jésus répondit:
Malheur à vous aussi, docteurs de la loi! parce que vous
chargez les hommes de fardeaux difficiles à porter, et que
vous ne touchez pas vous-mêmes de l'un de vos doigts.
- Malheur à vous! parce que
vous bâtissez les tombeaux des prophètes, que vos
pères ont tués.
- Vous rendez donc
témoignage aux oeuvres de vos pères, et vous les
approuvez; car eux, ils ont tué les prophètes, et
vous, vous bâtissez leurs tombeaux.
- C'est pourquoi la sagesse de Dieu
a dit: Je leur enverrai des prophètes et des apôtres;
ils tueront les uns et persécuteront les autres,
- afin qu'il soit demandé
compte à cette génération du sang de tous les
prophètes qui a été répandu depuis la
création du monde,
- depuis le sang d'Abel jusqu'au
sang de Zacharie, tué entre l'autel et le temple; oui, je
vous le dis, il en sera demandé compte à cette
génération.
- Malheur à vous, docteurs
de la loi! parce que vous avez enlevé la clef de la
science; vous n'êtes pas entrés vous-mêmes, et
vous avez empêché d'entrer ceux qui le
voulaient.
- Quand il fut sorti de là,
les scribes et les pharisiens commencèrent à le
presser violemment, et à le faire parler sur beaucoup de
choses,
- lui tendant des pièges,
pour surprendre quelque parole sortie de sa bouche.
[ Début ]
Chapitre 12
- Sur ces entrefaites, les gens
s'étant rassemblés par milliers, au point de se
fouler les uns les autres, Jésus se mit à dire
à ses disciples: Avant tout, gardez-vous du levain des
pharisiens, qui est l'hypocrisie.
- Il n'y a rien de caché qui
ne doive être découvert, ni de secret qui ne doive
être connu.
- C'est pourquoi tout ce que vous
aurez dit dans les ténèbres sera entendu dans la
lumière, et ce que vous aurez dit à l'oreille dans
les chambres sera prêché sur les toits.
- Je vous dis, à vous qui
êtes mes amis: Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et
qui, après cela, ne peuvent rien faire de plus.
- Je vous montrerai qui vous devez
craindre. Craignez celui qui, après avoir tué, a le
pouvoir de jeter dans la géhenne; oui, je vous le dis,
c'est lui que vous devez craindre.
- Ne vend-on pas cinq passereaux
pour deux sous? Cependant, aucun d'eux n'est oublié devant
Dieu.
- Et même les cheveux de
votre tête sont tous comptés. Ne craignez donc point:
vous valez plus que beaucoup de passereaux.
- Je vous le dis, quiconque me
confessera devant les hommes, le Fils de l'homme le confessera
aussi devant les anges de Dieu;
- mais celui qui me reniera devant
les hommes sera renié devant les anges de Dieu.
- Et quiconque parlera contre le
Fils de l'homme, il lui sera pardonné; mais à celui
qui blasphémera contre le Saint Esprit il ne sera point
pardonné.
- Quand on vous mènera
devant les synagogues, les magistrats et les autorités, ne
vous inquiétez pas de la manière dont vous vous
défendrez ni de ce que vous direz;
- car le Saint Esprit vous
enseignera à l'heure même ce qu'il faudra
dire.
- Quelqu'un dit à
Jésus, du milieu de la foule: Maître, dis à
mon frère de partager avec moi notre
héritage.
- Jésus lui répondit:
O homme, qui m'a établi pour être votre juge, ou pour
faire vos partages?
- Puis il leur dit: Gardez-vous
avec soin de toute avarice; car la vie d'un homme ne dépend
pas de ses biens, fût-il dans l'abondance.
- Et il leur dit cette parabole:
Les terres d'un homme riche avaient beaucoup
rapporté.
- Et il raisonnait en
lui-même, disant: Que ferai-je? car je n'ai pas de place
pour serrer ma récolte.
- Voici, dit-il, ce que je ferai:
j'abattrai mes greniers, j'en bâtirai de plus grands, j'y
amasserai toute ma récolte et tous mes biens;
- et je dirai à mon
âme: Mon âme, tu as beaucoup de biens en
réserve pour plusieurs années; repose-toi, mange,
bois, et réjouis-toi.
- Mais Dieu lui dit:
Insensé! cette nuit même ton âme te sera
redemandée; et ce que tu as préparé, pour qui
cela sera-t-il?
- Il en est ainsi de celui qui
amasse des trésors pour lui-même, et qui n'est pas
riche pour Dieu.
- Jésus dit ensuite à
ses disciples: C'est pourquoi je vous dis: Ne vous
inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni
pour votre corps de quoi vous serez vêtus.
- La vie est plus que la
nourriture, et le corps plus que le vêtement.
- Considérez les corbeaux:
ils ne sèment ni ne moissonnent, ils n'ont ni cellier ni
grenier; et Dieu les nourrit. Combien ne valez-vous pas plus que
les oiseaux!
- Qui de vous, par ses
inquiétudes, peut ajouter une coudée à la
durée de sa vie?
- Si donc vous ne pouvez pas
même la moindre chose, pourquoi vous inquiétez-vous
du reste?
- Considérez comment
croissent les lis: ils ne travaillent ni ne filent; cependant je
vous dis que Salomon même, dans toute sa gloire, n'a pas
été vêtu comme l'un d'eux.
- Si Dieu revêt ainsi l'herbe
qui est aujourd'hui dans les champs et qui demain sera
jetée au four, à combien plus forte raison ne vous
vêtira-t-il pas, gens de peu de foi?
- Et vous, ne cherchez pas ce que
vous mangerez et ce que vous boirez, et ne soyez pas
inquiets.
- Car toutes ces choses, ce sont
les païens du monde qui les recherchent. Votre Père
sait que vous en avez besoin.
- Cherchez plutôt le royaume
de Dieu; et toutes ces choses vous seront données
par-dessus.
- Ne crains point, petit troupeau;
car votre Père a trouvé bon de vous donner le
royaume.
- Vendez ce que vous
possédez, et donnez-le en aumônes. Faites-vous des
bourses qui ne s'usent point, un trésor inépuisable
dans les cieux, où le voleur n'approche point, et où
la teigne ne détruit point.
- Car là où est votre
trésor, là aussi sera votre coeur.
- Que vos reins soient ceints, et
vos lampes allumées.
- Et vous, soyez semblables
à des hommes qui attendent que leur maître revienne
des noces, afin de lui ouvrir dès qu'il arrivera et
frappera.
- Heureux ces serviteurs que le
maître, à son arrivée, trouvera veillant! Je
vous le dis en vérité, il se ceindra, les fera
mettre à table, et s'approchera pour les servir.
- Qu'il arrive à la
deuxième ou à la troisième veille, heureux
ces serviteurs, s'il les trouve veillant!
- Sachez-le bien, si le
maître de la maison savait à quelle heure le voleur
doit venir, il veillerait et ne laisserait pas percer sa
maison.
- Vous aussi, tenez-vous
prêts, car le Fils de l'homme viendra à l'heure
où vous n'y penserez pas.
- Pierre lui dit: Seigneur, est-ce
à nous, ou à tous, que tu adresses cette
parabole?
- Et le Seigneur dit: Quel est donc
l'économe fidèle et prudent que le maître
établira sur ses gens, pour leur donner la nourriture au
temps convenable?
- Heureux ce serviteur, que son
maître, à son arrivée, trouvera faisant
ainsi!
- Je vous le dis en
vérité, il l'établira sur tous ses
biens.
- Mais, si ce serviteur dit en
lui-même: Mon maître tarde à venir; s'il se met
à battre les serviteurs et les servantes, à manger,
à boire et à s'enivrer,
- le maître de ce serviteur
viendra le jour où il ne s'y attend pas et à l'heure
qu'il ne connaît pas, il le mettra en pièces, et lui
donnera sa part avec les infidèles.
- Le serviteur qui, ayant connu la
volonté de son maître, n'a rien préparé
et n'a pas agi selon sa volonté, sera battu d'un grand
nombre de coups.
- Mais celui qui, ne l'ayant pas
connue, a fait des choses dignes de châtiment, sera battu de
peu de coups. On demandera beaucoup à qui l'on a beaucoup
donné, et on exigera davantage de celui à qui l'on a
beaucoup confié.
- Je suis venu jeter un feu sur la
terre, et qu'ai-je à désirer, s'il est
déjà allumé?
- Il est un baptême dont je
dois être baptisé, et combien il me tarde qu'il soit
accompli!
- Pensez-vous que je sois venu
apporter la paix sur la terre? Non, vous dis-je, mais la
division.
- Car désormais cinq dans
une maison seront divisés, trois contre deux, et deux
contre trois;
- le père contre le fils et
le fils contre le père, la mère contre la fille et
la fille contre la mère, la belle-mère contre la
belle-fille et la belle-fille contre la belle-mère.
- Il dit encore aux foules: Quand
vous voyez un nuage se lever à l'occident, vous dites
aussitôt: La pluie vient. Et il arrive ainsi.
- Et quand vous voyez souffler le
vent du midi, vous dites: Il fera chaud. Et cela arrive.
- Hypocrites! vous savez discerner
l'aspect de la terre et du ciel; comment ne discernez-vous pas ce
temps-ci?
- Et pourquoi ne discernez-vous pas
de vous-mêmes ce qui est juste?
- Lorsque tu vas avec ton
adversaire devant le magistrat, tâche en chemin de te
dégager de lui, de peur qu'il ne te traîne devant le
juge, que le juge ne te livre à l'officier de justice, et
que celui-ci ne te mette en prison.
- Je te le dis, tu ne sortiras pas
de là que tu n'aies payé jusqu'à
dernière pite.
[ Début ]
Chapitre 13
- En ce même temps, quelques
personnes qui se trouvaient là racontaient à
Jésus ce qui était arrivé à des
Galiléens dont Pilate avait mêlé le sang avec
celui de leurs sacrifices.
- Il leur répondit:
Croyez-vous que ces Galiléens fussent de plus grands
pécheurs que tous les autres Galiléens, parce qu'ils
ont souffert de la sorte?
- Non, je vous le dis. Mais si vous
ne vous repentez, vous périrez tous
également.
- Ou bien, ces dix-huit personnes
sur qui est tombée la tour de Siloé et qu'elle a
tuées, croyez-vous qu'elles fussent plus coupables que tous
les autres habitants de Jérusalem?
- Non, je vous le dis. Mais si vous
ne vous repentez, vous périrez tous
également.
- Il dit aussi cette parabole: Un
homme avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint pour y
chercher du fruit, et il n'en trouva point.
- Alors il dit au vigneron:
Voilà trois ans que je viens chercher du fruit à ce
figuier, et je n'en trouve point. Coupe-le: pourquoi occupe-t-il
la terre inutilement?
- Le vigneron lui répondit:
Seigneur, laisse-le encore cette année; je creuserai tout
autour, et j'y mettrai du fumier.
- Peut-être à l'avenir
donnera-t-il du fruit; sinon, tu le couperas.
- Jésus enseignait dans une
des synagogues, le jour du sabbat.
- Et voici, il y avait là
une femme possédée d'un esprit qui la rendait
infirme depuis dix-huit ans; elle était courbée, et
ne pouvait pas du tout se redresser.
- Lorsqu'il la vit, Jésus
lui adressa la parole, et lui dit: Femme, tu es
délivrée de ton infirmité.
- Et il lui imposa les mains. A
l'instant elle se redressa, et glorifia Dieu.
- Mais le chef de la synagogue,
indigné de ce que Jésus avait opéré
cette guérison un jour de sabbat, dit à la foule: Il
y a six jours pour travailler; venez donc vous faire guérir
ces jours-là, et non pas le jour du sabbat.
- Hypocrites! lui répondit
le Seigneur, est-ce que chacun de vous, le jour du sabbat, ne
détache pas de la crèche son boeuf ou son âne,
pour le mener boire?
- Et cette femme, qui est une fille
d'Abraham, et que Satan tenait liée depuis dix-huit ans, ne
fallait-il pas la délivrer de cette chaîne le jour du
sabbat?
- Tandis qu'il parlait ainsi, tous
ses adversaires étaient confus, et la foule se
réjouissait de toutes les choses glorieuses qu'il
faisait.
- Il dit encore: A quoi le royaume
de Dieu est-il semblable, et à quoi le
comparerai-je?
- Il est semblable à un
grain de sénevé qu'un homme a pris et jeté
dans son jardin; il pousse, devient un arbre, et les oiseaux du
ciel habitent dans ses branches.
- Il dit encore: A quoi
comparerai-je le royaume de Dieu?
- Il est semblable à du
levain qu'une femme a pris et mis dans trois mesures de farine,
pour faire lever toute la pâte.
- Jésus traversait les
villes et les villages, enseignant, et faisant route vers
Jérusalem.
- Quelqu'un lui dit: Seigneur, n'y
a-t-il que peu de gens qui soient sauvés? Il leur
répondit:
- Efforcez-vous d'entrer par la
porte étroite. Car, je vous le dis, beaucoup chercheront
à entrer, et ne le pourront pas.
- Quand le maître de la
maison se sera levé et aura fermé la porte, et que
vous, étant dehors, vous commencerez à frapper
à la porte, en disant: Seigneur, Seigneur, ouvre-nous! il
vous répondra: Je ne sais d'où vous
êtes.
- Alors vous vous mettrez à
dire: Nous avons mangé et bu devant toi, et tu as
enseigné dans nos rues.
- Et il répondra: Je vous le
dis, je ne sais d'où vous êtes; retirez-vous de moi,
vous tous, ouvriers d'iniquité.
- C'est là qu'il y aura des
pleurs et des grincements de dents, quand vous verrez Abraham,
Isaac et Jacob, et tous les prophètes, dans le royaume de
Dieu, et que vous serez jetés dehors.
- Il en viendra de l'orient et de
l'occident, du nord et du midi; et ils se mettront à table
dans le royaume de Dieu.
- Et voici, il y en a des derniers
qui seront les premiers, et des premiers qui seront les
derniers.
- Ce même jour, quelques
pharisiens vinrent lui dire: Va-t'en, pars d'ici, car
Hérode veut te tuer.
- Il leur répondit: Allez,
et dites à ce renard: Voici, je chasse les démons et
je fais des guérisons aujourd'hui et demain, et le
troisième jour j'aurai fini.
- Mais il faut que je marche
aujourd'hui, demain, et le jour suivant; car il ne convient pas
qu'un prophète périsse hors de
Jérusalem.
- Jérusalem,
Jérusalem, qui tues les prophètes et qui lapides
ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu
rassembler tes enfants, comme une poule rassemble sa couvée
sous ses ailes, et vous ne l'avez pas voulu!
- Voici, votre maison vous sera
laissée; mais, je vous le dis, vous ne me verrez plus,
jusqu'à ce que vous disiez: Béni soit celui qui
vient au nom du Seigneur!
[ Début ]
Chapitre 14
- Jésus étant
entré, un jour de sabbat, dans la maison de l'un des chefs
des pharisiens, pour prendre un repas, les pharisiens
l'observaient.
- Et voici, un homme hydropique
était devant lui.
- Jésus prit la parole, et
dit aux docteurs de la loi et aux pharisiens: Est-il permis, ou
non, de faire une guérison le jour du sabbat?
- Ils gardèrent le silence.
Alors Jésus avança la main sur cet homme, le
guérit, et le renvoya.
- Puis il leur dit: Lequel de vous,
si son fils ou son boeuf tombe dans un puits, ne l'en retirera pas
aussitôt, le jour du sabbat?
- Et ils ne purent rien
répondre à cela.
- Il adressa ensuite une parabole
aux conviés, en voyant qu'ils choisissaient les
premières places; et il leur dit:
- Lorsque tu seras invité
par quelqu'un à des noces, ne te mets pas à la
première place, de peur qu'il n'y ait parmi les
invités une personne plus considérable que
toi,
- et que celui qui vous a
invités l'un et l'autre ne vienne te dire: Cède la
place à cette personne-là. Tu aurais alors la honte
d'aller occuper la dernière place.
- Mais, lorsque tu seras
invité, va te mettre à la dernière place,
afin que, quand celui qui t'a invité viendra, il te dise:
Mon ami, monte plus haut. Alors cela te fera honneur devant tous
ceux qui seront à table avec toi.
- Car quiconque
s'élève sera abaissé, et quiconque s'abaisse
sera élevé.
- Il dit aussi à celui qui
l'avait invité: Lorsque tu donnes à dîner ou
à souper, n'invite pas tes amis, ni tes frères, ni
tes parents, ni des voisins riches, de peur qu'ils ne t'invitent
à leur tour et qu'on ne te rende la pareille.
- Mais, lorsque tu donnes un
festin, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des
aveugles.
- Et tu seras heureux de ce qu'ils
ne peuvent pas te rendre la pareille; car elle te sera rendue
à la résurrection des justes.
- Un de ceux qui étaient
à table, après avoir entendu ces paroles, dit
à Jésus: Heureux celui qui prendra son repas dans le
royaume de Dieu!
- Et Jésus lui
répondit: Un homme donna un grand souper, et il invita
beaucoup de gens.
- A l'heure du souper, il envoya
son serviteur dire aux conviés: Venez, car tout est
déjà prêt.
- Mais tous unanimement se mirent
à s'excuser. Le premier lui dit: J'ai acheté un
champ, et je suis obligé d'aller le voir; excuse-moi, je te
prie.
- Un autre dit: J'ai acheté
cinq paires de boeufs, et je vais les essayer; excuse-moi, je te
prie.
- Un autre dit: Je viens de me
marier, et c'est pourquoi je ne puis aller.
- Le serviteur, de retour, rapporta
ces choses à son maître. Alors le maître de la
maison irrité dit à son serviteur: Va promptement
dans les places et dans les rues de la ville, et amène ici
les pauvres, les estropiés, les aveugles et les
boiteux.
- Le serviteur dit: Maître,
ce que tu as ordonné a été fait, et il y a
encore de la place.
- Et le maître dit au
serviteur: Va dans les chemins et le long des haies, et ceux que
tu trouveras, contrains-les d'entrer, afin que ma maison soit
remplie.
- Car, je vous le dis, aucun de ces
hommes qui avaient été invités ne
goûtera de mon souper.
- De grandes foules faisaient route
avec Jésus. Il se retourna, et leur dit:
- Si quelqu'un vient à moi,
et s'il ne hait pas son père, sa mère, sa femme, ses
enfants, ses frères, et ses soeurs, et même à
sa propre vie, il ne peut être mon disciple.
- Et quiconque ne porte pas sa
croix, et ne me suis pas, ne peut être mon disciple.
- Car, lequel de vous, s'il veut
bâtir une tour, ne s'assied d'abord pour calculer la
dépense et voir s'il a de quoi la terminer,
- de peur qu'après avoir
posé les fondements, il ne puisse l'achever, et que tous
ceux qui le verront ne se mettent à le railler,
- en disant: Cet homme a
commencé à bâtir, et il n'a pu achever?
- Ou quel roi, s'il va faire la
guerre à un autre roi, ne s'assied d'abord pour examiner
s'il peut, avec dix mille hommes, marcher à la rencontre de
celui qui vient l'attaquer avec vingt mille?
- S'il ne le peut, tandis que cet
autre roi est encore loin, il lui envoie une ambassade pour
demander la paix.
- Ainsi donc, quiconque d'entre
vous ne renonce pas à tout ce qu'il possède ne peut
être mon disciple.
- Le sel est une bonne chose; mais
si le sel perd sa saveur, avec quoi l'assaisonnera-t-on?
- Il n'est bon ni pour la terre, ni
pour le fumier; on le jette dehors. Que celui qui a des oreilles
pour entendre entende.
[ Début ]
Chapitre 15
- Tous les publicains et les gens
de mauvaise vie s'approchaient de Jésus pour
l'entendre.
- Et les pharisiens et les scribes
murmuraient, disant: Cet homme accueille des gens de mauvaise vie,
et mange avec eux.
- Mais il leur dit cette
parabole:
- Quel homme d'entre vous, s'il a
cent brebis, et qu'il en perde une, ne laisse les
quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert pour aller
après celle qui est perdue, jusqu'à ce qu'il la
retrouve?
- Lorsqu'il l'a retrouvée,
il la met avec joie sur ses épaules,
- et, de retour à la maison,
il appelle ses amis et ses voisins, et leur dit:
Réjouissez-vous avec moi, car j'ai retrouvé ma
brebis qui était perdue.
- De même, je vous le dis, il
y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui
se repent, que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n'ont pas
besoin de repentance.
- Ou quelle femme, si elle a dix
drachmes, et qu'elle en perde une, n'allume une lampe, ne balaie
la maison, et ne cherche avec soin, jusqu'à ce qu'elle la
retrouve?
- Lorsqu'elle l'a retrouvée,
elle appelle ses amies et ses voisines, et dit:
Réjouissez-vous avec moi, car j'ai retrouvé la
drachme que j'avais perdue.
- De même, je vous le dis, il
y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul
pécheur qui se repent.
- Il dit encore: Un homme avait
deux fils.
- Le plus jeune dit à son
père: Mon père, donne-moi la part de bien qui doit
me revenir. Et le père leur partagea son bien.
- Peu de jours après, le
plus jeune fils, ayant tout ramassé, partit pour un pays
éloigné, où il dissipa son bien en vivant
dans la débauche.
- Lorsqu'il eut tout
dépensé, une grande famine survint dans ce pays, et
il commença à se trouver dans le besoin.
- Il alla se mettre au service d'un
des habitants du pays, qui l'envoya dans ses champs garder les
pourceaux.
- Il aurait bien voulu se rassasier
des carouges que mangeaient les pourceaux, mais personne ne lui en
donnait.
- Étant rentré en
lui-même, il se dit: Combien de mercenaires chez mon
père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de
faim!
- Je me lèverai, j'irai vers
mon père, et je lui dirai: Mon père, j'ai
péché contre le ciel et contre toi,
- je ne suis plus digne
d'être appelé ton fils; traite-moi comme l'un de tes
mercenaires.
- Et il se leva, et alla vers son
père. Comme il était encore loin, son père le
vit et fut ému de compassion, il courut se jeter à
son cou et le baisa.
- Le fils lui dit: Mon père,
j'ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis
plus digne d'être appelé ton fils.
- Mais le père dit à
ses serviteurs: Apportez vite la plus belle robe, et l'en
revêtez; mettez-lui un anneau au doigt, et des souliers aux
pieds.
- Amenez le veau gras, et tuez-le.
Mangeons et réjouissons-nous;
- car mon fils que voici
était mort, et il est revenu à la vie; il
était perdu, et il est retrouvé. Et ils
commencèrent à se réjouir.
- Or, le fils aîné
était dans les champs. Lorsqu'il revint et approcha de la
maison, il entendit la musique et les danses.
- Il appela un des serviteurs, et
lui demanda ce que c'était.
- Ce serviteur lui dit: Ton
frère est de retour, et, parce qu'il l'a retrouvé en
bonne santé, ton père a tué le veau
gras.
- Il se mit en colère, et ne
voulut pas entrer. Son père sortit, et le pria
d'entrer.
- Mais il répondit à
son père: Voici, il y a tant d'années que je te
sers, sans avoir jamais transgressé tes ordres, et jamais
tu ne m'as donné un chevreau pour que je me
réjouisse avec mes amis.
- Et quand ton fils est
arrivé, celui qui a mangé ton bien avec des
prostituées, c'est pour lui que tu as tué le veau
gras!
- Mon enfant, lui dit le
père, tu es toujours avec moi, et tout ce que j'ai est
à toi;
- mais il fallait bien
s'égayer et se réjouir, parce que ton frère
que voici était mort et qu'il est revenu à la vie,
parce qu'il était perdu et qu'il est
retrouvé.
[ Début ]
Chapitre 16
- Jésus dit aussi à
ses disciples: Un homme riche avait un économe, qui lui fut
dénoncé comme dissipant ses biens.
- Il l'appela, et lui dit:
Qu'est-ce que j'entends dire de toi? Rends compte de ton
administration, car tu ne pourras plus administrer mes
biens.
- L'économe dit en
lui-même: Que ferai-je, puisque mon maître m'ôte
l'administration de ses biens? Travailler à la terre? je ne
le puis. Mendier? j'en ai honte.
- Je sais ce que je ferai, pour
qu'il y ait des gens qui me reçoivent dans leurs maisons
quand je serai destitué de mon emploi.
- Et, faisant venir chacun des
débiteurs de son maître, il dit au premier: Combien
dois-tu à mon maître?
- Cent mesures d'huile,
répondit-il. Et il lui dit: Prends ton billet, assieds-toi
vite, et écris cinquante.
- Il dit ensuite à un autre:
Et toi, combien dois-tu? Cent mesures de blé,
répondit-il. Et il lui dit: Prends ton billet, et
écris quatre-vingts.
- Le maître loua
l'économe infidèle de ce qu'il avait agi prudemment.
Car les enfants de ce siècle sont plus prudents à
l'égard de leurs semblables que ne le sont les enfants de
lumière.
- Et moi, je vous dis: Faites-vous
des amis avec les richesses injustes, pour qu'ils vous
reçoivent dans les tabernacles éternels, quand elles
viendront à vous manquer.
- Celui qui est fidèle dans
les moindres choses l'est aussi dans les grandes, et celui qui est
injuste dans les moindres choses l'est aussi dans les
grandes.
- Si donc vous n'avez pas
été fidèle dans les richesses injustes, qui
vous confiera les véritables?
- Et si vous n'avez pas
été fidèles dans ce qui est à autrui,
qui vous donnera ce qui est à vous?
- Nul serviteur ne peut servir deux
maîtres. Car, ou il haïra l'un et aimera l'autre; ou il
s'attachera à l'un et méprisera l'autre. Vous ne
pouvez servir Dieu et Mamon.
- Les pharisiens, qui
étaient avares, écoutaient aussi tout cela, et ils
se moquaient de lui.
- Jésus leur dit: Vous, vous
cherchez à paraître justes devant les hommes, mais
Dieu connaît vos coeurs; car ce qui est élevé
parmi les hommes est une abomination devant Dieu.
- La loi et les prophètes
ont subsisté jusqu'à Jean; depuis lors, le royaume
de Dieu est annoncé, et chacun use de violence pour y
entrer.
- Il est plus facile que le ciel et
la terre passent, qu'il ne l'est qu'un seul trait de lettre de la
loi vienne à tomber.
- Quiconque répudie sa femme
et en épouse une autre commet un adultère, et
quiconque épouse une femme répudiée par son
mari commet un adultère.
- Il y avait un homme riche, qui
était vêtu de pourpre et de fin lin, et qui chaque
jour menait joyeuse et brillante vie.
- Un pauvre, nommé Lazare,
était couché à sa porte, couvert
d'ulcères,
- et désireux de se
rassasier des miettes qui tombaient de la table du riche; et
même les chiens venaient encore lécher ses
ulcères.
- Le pauvre mourut, et il fut
porté par les anges dans le sein d'Abraham. Le riche mourut
aussi, et il fut enseveli.
- Dans le séjour des morts,
il leva les yeux; et, tandis qu'il était en proie aux
tourments, il vit de loin Abraham, et Lazare dans son sein.
- Il s'écria: Père
Abraham, aie pitié de moi, et envoie Lazare, pour qu'il
trempe le bout de son doigt dans l'eau et me rafraîchisse la
langue; car je souffre cruellement dans cette flamme.
- Abraham répondit: Mon
enfant, souviens-toi que tu as reçu tes biens pendant ta
vie, et que Lazare a eu les maux pendant la sienne; maintenant il
est ici consolé, et toi, tu souffres.
- D'ailleurs, il y a entre nous et
vous un grand abîme, afin que ceux qui voudraient passer
d'ici vers vous, ou de là vers nous, ne puissent le
faire.
- Le riche dit: Je te prie donc,
père Abraham, d'envoyer Lazare dans la maison de mon
père; car j'ai cinq frères.
- C'est pour qu'il leur atteste ces
choses, afin qu'ils ne viennent pas aussi dans ce lieu de
tourments.
- Abraham répondit: Ils ont
Moïse et les prophètes; qu'ils les
écoutent.
- Et il dit: Non, père
Abraham, mais si quelqu'un des morts va vers eux, ils se
repentiront.
- Et Abraham lui dit: S'ils
n'écoutent pas Moïse et les prophètes, ils ne
se laisseront pas persuader quand même quelqu'un des morts
ressusciterait.
[ Début ]
Chapitre 17
- Jésus dit à ses
disciples: Il est impossible qu'il n'arrive pas des scandales;
mais malheur à celui par qui ils arrivent!
- Il vaudrait mieux pour lui qu'on
mît à son cou une pierre de moulin et qu'on le
jetât dans la mer, que s'il scandalisait un de ces
petits.
- Prenez garde à
vous-mêmes. Si ton frère a péché,
reprends-le; et, s'il se repent, pardonne-lui.
- Et s'il a péché
contre toi sept fois dans un jour et que sept fois il revienne
à toi, disant: Je me repens, -tu lui pardonneras.
- Les apôtres dirent au
Seigneur: Augmente-nous la foi.
- Et le Seigneur dit: Si vous aviez
de la foi comme un grain de sénevé, vous diriez
à ce sycomore: Déracine-toi, et plante-toi dans la
mer; et il vous obéirait.
- Qui de vous, ayant un serviteur
qui laboure ou paît les troupeaux, lui dira, quand il
revient des champs: Approche vite, et mets-toi à
table?
- Ne lui dira-t-il pas au
contraire: Prépare-moi à souper, ceins-toi, et
sers-moi, jusqu'à ce que j'aie mangé et bu;
après cela, toi, tu mangeras et boiras?
- Doit-il de la reconnaissance
à ce serviteur parce qu'il a fait ce qui lui était
ordonné?
- Vous de même, quand vous
avez fait tout ce qui vous a été ordonné,
dites: Nous sommes des serviteurs inutiles, nous avons fait ce que
nous devions faire.
- Jésus, se rendant à
Jérusalem, passait entre la Samarie et la
Galilée.
- Comme il entrait dans un village,
dix lépreux vinrent à sa rencontre. Se tenant
à distance, ils élevèrent la voix, et
dirent:
- Jésus, maître, aie
pitié de nous!
- Dès qu'il les eut vus, il
leur dit: Allez vous montrer aux sacrificateurs. Et, pendant
qu'ils y allaient, il arriva qu'ils furent guéris.
- L'un deux, se voyant
guéri, revint sur ses pas, glorifiant Dieu à haute
voix.
- Il tomba sur sa face aux pieds de
Jésus, et lui rendit grâces. C'était un
Samaritain.
- Jésus, prenant la parole,
dit: Les dix n'ont-ils pas été guéris? Et les
neuf autres, où sont-ils?
- Ne s'est-il trouvé que cet
étranger pour revenir et donner gloire à
Dieu?
- Puis il lui dit: Lève-toi,
va; ta foi t'a sauvé.
- Les pharisiens demandèrent
à Jésus quand viendrait le royaume de Dieu. Il leur
répondit: Le royaume de Dieu ne vient pas de manière
à frapper les regards.
- On ne dira point: Il est ici, ou:
Il est là. Car voici, le royaume de Dieu est au milieu de
vous.
- Et il dit aux disciples: Des
jours viendront où vous désirerez voir l'un des
jours du Fils de l'homme, et vous ne le verrez point.
- On vous dira: Il est ici, il est
là. N'y allez pas, ne courez pas après.
- Car, comme l'éclair
resplendit et brille d'une extrémité du ciel
à l'autre, ainsi sera le Fils de l'homme en son
jour.
- Mais il faut auparavant qu'il
souffre beaucoup, et qu'il soit rejeté par cette
génération.
- Ce qui arriva du temps de
Noé arrivera de même aux jours du Fils de
l'homme.
- Les hommes mangeaient, buvaient,
se mariaient et mariaient leurs enfants, jusqu'au jour où
Noé entra dans l'arche; le déluge vint, et les fit
tous périr.
- Ce qui arriva du temps de Lot
arrivera pareillement. Les hommes mangeaient, buvaient,
achetaient, vendaient, plantaient, bâtissaient;
- mais le jour où Lot sortit
de Sodome, une pluie de feu et de souffre tomba du ciel, et les
fit tous périr.
- Il en sera de même le jour
où le Fils de l'homme paraîtra.
- En ce jour-là, que celui
qui sera sur le toit, et qui aura ses effets dans la maison, ne
descende pas pour les prendre; et que celui qui sera dans les
champs ne retourne pas non plus en arrière.
- Souvenez-vous de la femme de
Lot.
- Celui qui cherchera à
sauver sa vie la perdra, et celui qui la perdra la
retrouvera.
- Je vous le dis, en cette
nuit-là, de deux personnes qui seront dans un même
lit, l'une sera prise et l'autre laissée;
- de deux femmes qui moudront
ensemble, l'une sera prise et l'autre laissée.
- De deux hommes qui seront dans un
champ, l'un sera pris et l'autre laissé.
- Les disciples lui dirent:
Où sera-ce, Seigneur? Et il répondit: Où sera
le corps, là s'assembleront les aigles.
[ Début ]
Chapitre 18
- Jésus leur adressa une
parabole, pour montrer qu'il faut toujours prier, et ne point se
relâcher.
- Il dit: Il y avait dans une ville
un juge qui ne craignait point Dieu et qui n'avait d'égard
pour personne.
- Il y avait aussi dans cette ville
une veuve qui venait lui dire: Fais-moi justice de ma partie
adverse.
- Pendant longtemps il refusa. Mais
ensuite il dit en lui-même: Quoique je ne craigne point Dieu
et que je n'aie d'égard pour personne,
- néanmoins, parce que cette
veuve m'importune, je lui ferai justice, afin qu'elle ne vienne
pas sans cesse me rompre la tête.
- Le Seigneur ajouta: Entendez ce
que dit le juge inique.
- Et Dieu ne fera-t-il pas justice
à ses élus, qui crient à lui jour et nuit, et
tardera-t-il à leur égard?
- Je vous le dis, il leur fera
promptement justice. Mais, quand le Fils de l'homme viendra,
trouvera-t-il la foi sur la terre?
- Il dit encore cette parabole, en
vue de certaines personnes se persuadant qu'elles étaient
justes, et ne faisant aucun cas des autres:
- Deux hommes montèrent au
temple pour prier; l'un était pharisien, et l'autre
publicain.
- Le pharisien, debout, priait
ainsi en lui-même: O Dieu, je te rends grâces de ce
que je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont ravisseurs,
injustes, adultères, ou même comme ce
publicain;
- je jeûne deux fois la
semaine, je donne la dîme de tous mes revenus.
- Le publicain, se tenant à
distance, n'osait même pas lever les yeux au ciel; mais il
se frappait la poitrine, en disant: O Dieu, sois apaisé
envers moi, qui suis un pécheur.
- Je vous le dis, celui-ci
descendit dans sa maison justifié, plutôt que
l'autre. Car quiconque s'élève sera abaissé,
et celui qui s'abaisse sera élevé.
- On lui amena aussi les petits
enfants, afin qu'il les touchât. Mais les disciples, voyant
cela, reprenaient ceux qui les amenaient.
- Et Jésus les appela, et
dit: Laissez venir à moi les petits enfants, et ne les en
empêchez pas; car le royaume de Dieu est pour ceux qui leur
ressemblent.
- Je vous le dis en
vérité, quiconque ne recevra pas le royaume de Dieu
comme un petit enfant n'y entrera point.
- Un chef interrogea Jésus,
et dit: Bon maître, que dois-je faire pour hériter la
vie éternelle?
- Jésus lui répondit:
Pourquoi m'appelles-tu bon? Il n'y a de bon que Dieu seul.
- Tu connais les commandements: Tu
ne commettras point d'adultère; tu ne tueras point; tu ne
déroberas point; tu ne diras point de faux
témoignage; honore ton père et ta
mère.
- J'ai, dit-il, observé
toutes ces choses dès ma jeunesse.
- Jésus, ayant entendu cela,
lui dit: Il te manque encore une chose: vends tout ce que tu as,
distribue-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les
cieux. Puis, viens, et suis-moi.
- Lorsqu'il entendit ces paroles,
il devint tout triste; car il était très
riche.
- Jésus, voyant qu'il
était devenu tout triste, dit: Qu'il est difficile à
ceux qui ont des richesses d'entrer dans le royaume de
Dieu!
- Car il est plus facile à
un chameau de passer par le trou d'une aiguille qu'à un
riche d'entrer dans le royaume de Dieu.
- Ceux qui l'écoutaient
dirent: Et qui peut être sauvé?
- Jésus répondit: Ce
qui est impossible aux hommes est possible à Dieu.
- Pierre dit alors: Voici, nous
avons tout quitté, et nous t'avons suivi.
- Et Jésus leur dit: Je vous
le dis en vérité, il n'est personne qui, ayant
quitté, à cause du royaume de Dieu, sa maison, ou sa
femme, ou ses frères, ou ses parents, ou ses
enfants,
- ne reçoive beaucoup plus
dans ce siècle-ci, et, dans le siècle à
venir, la vie éternelle.
- Jésus prit les douze
auprès de lui, et leur dit: Voici, nous montons à
Jérusalem, et tout ce qui a été écrit
par les prophètes au sujet du Fils de l'homme
s'accomplira.
- Car il sera livré aux
païens; on se moquera de lui, on l'outragera, on crachera sur
lui,
- et, après l'avoir battu de
verges, on le fera mourir; et le troisième jour il
ressuscitera.
- Mais ils ne comprirent rien
à cela; c'était pour eux un langage caché,
des paroles dont ils ne saisissaient pas le sens.
- Comme Jésus approchait de
Jéricho, un aveugle était assis au bord du chemin,
et mendiait.
- Entendant la foule passer, il
demanda ce que c'était.
- On lui dit: C'est Jésus de
Nazareth qui passe.
- Et il cria: Jésus, Fils de
David, aie pitié de moi!
- Ceux qui marchaient devant le
reprenaient, pour le faire taire; mais il criait beaucoup plus
fort: Fils de David, aie pitié de moi!
- Jésus, s'étant
arrêté, ordonna qu'on le lui amène; et, quand
il se fut approché,
- il lui demanda: Que veux-tu que
je te fasse? Il répondit: Seigneur, que je recouvre la
vue.
- Et Jésus lui dit: Recouvre
la vue; ta foi t'a sauvé.
- A l'instant il recouvra la vue,
et suivit Jésus, en glorifiant Dieu. Tout le peuple, voyant
cela, loua Dieu.
[ Début ]
Chapitre 19
- Jésus, étant
entré dans Jéricho, traversait la ville.
- Et voici, un homme riche,
appelé Zachée, chef des publicains, cherchait
à voir qui était Jésus;
- mais il ne pouvait y parvenir,
à cause de la foule, car il était de petite
taille.
- Il courut en avant, et monta sur
un sycomore pour le voir, parce qu'il devait passer par
là.
- Lorsque Jésus fut
arrivé à cet endroit, il leva les yeux et lui dit:
Zachée, hâte-toi de descendre; car il faut que je
demeure aujourd'hui dans ta maison.
- Zachée se hâta de
descendre, et le reçut avec joie.
- Voyant cela, tous murmuraient, et
disaient: Il est allé loger chez un homme
pécheur.
- Mais Zachée, se tenant
devant le Seigneur, lui dit: Voici, Seigneur, je donne aux pauvres
la moitié de mes biens, et, si j'ai fait tort de quelque
chose à quelqu'un, je lui rends le quadruple.
- Jésus lui dit: Le salut
est entré aujourd'hui dans cette maison, parce que celui-ci
est aussi un fils d'Abraham.
- Car le Fils de l'homme est venu
chercher et sauver ce qui était perdu.
- Ils écoutaient ces choses,
et Jésus ajouta une parabole, parce qu'il était
près de Jérusalem, et qu'on croyait qu'à
l'instant le royaume de Dieu allait paraître.
- Il dit donc: Un homme de haute
naissance s'en alla dans un pays lointain, pour se faire investir
de l'autorité royale, et revenir ensuite.
- Il appela dix de ses serviteurs,
leur donna dix mines, et leur dit: Faites-les valoir
jusqu'à ce que je revienne.
- Mais ses concitoyens le
haïssaient, et ils envoyèrent une ambassade
après lui, pour dire: Nous ne voulons pas que cet homme
règne sur nous.
- Lorsqu'il fut de retour,
après avoir été investi de l'autorité
royale, il fit appeler auprès de lui les serviteurs
auxquels il avait donné l'argent, afin de connaître
comment chacun l'avait fait valoir.
- Le premier vint, et dit:
Seigneur, ta mine a rapporté dix mines.
- Il lui dit: C'est bien, bon
serviteur; parce que tu as été fidèle en peu
de chose, reçois le gouvernement de dix villes.
- Le second vint, et dit: Seigneur,
ta mine a produit cinq mines.
- Il lui dit: Toi aussi, sois
établi sur cinq villes.
- Un autre vint, et dit: Seigneur,
voici ta mine, que j'ai gardée dans un linge;
- car j'avais peur de toi, parce
que tu es un homme sévère; tu prends ce que tu n'as
pas déposé, et tu moissonnes ce que tu n'as pas
semé.
- Il lui dit: Je te juge sur tes
paroles, méchant serviteur; tu savais que je suis un homme
sévère, prenant ce que je n'ai pas
déposé, et moissonnant ce que je n'ai pas
semé;
- pourquoi donc n'as-tu pas mis mon
argent dans une banque, afin qu'à mon retour je le
retirasse avec un intérêt?
- Puis il dit à ceux qui
étaient là: Otez-lui la mine, et donnez-la à
celui qui a les dix mines.
- Ils lui dirent: Seigneur, il a
dix mines. -
- Je vous le dis, on donnera
à celui qui a, mais à celui qui n'a pas on
ôtera même ce qu'il a.
- Au reste, amenez ici mes ennemis,
qui n'ont pas voulu que je régnasse sur eux, et tuez-les en
ma présence.
- Après avoir ainsi
parlé, Jésus marcha devant la foule, pour monter
à Jérusalem.
- Lorsqu'il approcha de
Bethphagé et de Béthanie, vers la montagne
appelée montagne des Oliviers, Jésus envoya deux de
ses disciples,
- en disant: Allez au village qui
est en face; quand vous y serez entrés, vous trouverez un
ânon attaché, sur lequel aucun homme ne s'est jamais
assis; détachez-le, et amenez-le.
- Si quelqu'un vous demande:
Pourquoi le détachez-vous? vous lui répondrez: Le
Seigneur en a besoin.
- Ceux qui étaient
envoyés allèrent, et trouvèrent les choses
comme Jésus leur avait dit.
- Comme ils détachaient
l'ânon, ses maîtres leur dirent: Pourquoi
détachez-vous l'ânon?
- Ils répondirent: Le
Seigneur en a besoin.
- Et ils amenèrent à
Jésus l'ânon, sur lequel ils jetèrent leurs
vêtements, et firent monter Jésus.
- Quand il fut en marche, les gens
étendirent leurs vêtements sur le chemin.
- Et lorsque déjà il
approchait de Jérusalem, vers la descente de la montagne
des Oliviers, toute la multitude des disciples, saisie de joie, se
mit à louer Dieu à haute voix pour tous les miracles
qu'ils avaient vus.
- Ils disaient: Béni soit le
roi qui vient au nom du Seigneur! Paix dans le ciel, et gloire
dans les lieux très hauts!
- Quelques pharisiens, du milieu de
la foule, dirent à Jésus: Maître, reprends tes
disciples.
- Et il répondit: Je vous le
dis, s'ils se taisent, les pierres crieront!
- Comme il approchait de la ville,
Jésus, en la voyant, pleura sur elle, et dit:
- Si toi aussi, au moins en ce jour
qui t'est donné, tu connaissais les choses qui
appartiennent à ta paix! Mais maintenant elles sont
cachées à tes yeux.
- Il viendra sur toi des jours
où tes ennemis t'environneront de tranchées,
t'enfermeront, et te serreront de toutes parts;
- ils te détruiront, toi et
tes enfants au milieu de toi, et ils ne laisseront pas en toi
pierre sur pierre, parce que tu n'as pas connu le temps où
tu as été visitée.
- Il entra dans le temple, et il se
mit à chasser ceux qui vendaient,
- leur disant: Il est écrit:
Ma maison sera une maison de prière. Mais vous, vous en
avez fait une caverne de voleurs.
- Il enseignait tous les jours dans
le temple. Et les principaux sacrificateurs, les scribes, et les
principaux du peuple cherchaient à le faire
périr;
- mais ils ne savaient comment s'y
prendre, car tout le peuple l'écoutait avec
admiration.
[ Début ]
Chapitre 20
- Un de ces jours-là, comme
Jésus enseignait le peuple dans le temple et qu'il
annonçait la bonne nouvelle, les principaux sacrificateurs
et les scribes, avec les anciens, survinrent,
- et lui dirent: Dis-nous, par
quelle autorité fais-tu ces choses, ou qui est celui qui
t'a donné cette autorité?
- Il leur répondit: Je vous
adresserai aussi une question.
- Dites-moi, le baptême de
Jean venait-il du ciel, ou des hommes?
- Mais ils raisonnèrent
ainsi entre eux: Si nous répondons: Du ciel, il dira:
Pourquoi n'avez-vous pas cru en lui?
- Et si nous répondons: Des
hommes, tout le peuple nous lapidera, car il est persuadé
que Jean était un prophète.
- Alors ils répondirent
qu'ils ne savaient d'où il venait.
- Et Jésus leur dit: Moi non
plus, je ne vous dirai pas par quelle autorité je fais ces
choses.
- Il se mit ensuite à dire
au peuple cette parabole: Un homme planta une vigne, l'afferma
à des vignerons, et quitta pour longtemps le pays.
- Au temps de la récolte, il
envoya un serviteur vers les vignerons, pour qu'ils lui donnent
une part du produit de la vigne. Les vignerons le battirent, et le
renvoyèrent à vide.
- Il envoya encore un autre
serviteur; ils le battirent, l'outragèrent, et le
renvoyèrent à vide.
- Il en envoya encore un
troisième; ils le blessèrent, et le
chassèrent.
- Le maître de la vigne dit:
Que ferai-je? J'enverrai mon fils bien-aimé;
peut-être auront-ils pour lui du respect.
- Mais, quand les vignerons le
virent, ils raisonnèrent entre eux, et dirent: Voici
l'héritier; tuons-le, afin que l'héritage soit
à nous.
- Et ils le jetèrent hors de
la vigne, et le tuèrent. Maintenant, que leur fera le
maître de la vigne?
- Il viendra, fera périr ces
vignerons, et il donnera la vigne à d'autres. Lorsqu'ils
eurent entendu cela, ils dirent: A Dieu ne plaise!
- Mais, jetant les regards sur eux,
Jésus dit: Que signifie donc ce qui est écrit: La
pierre qu'ont rejetée ceux qui bâtissaient Est
devenue la principale de l'angle?
- Quiconque tombera sur cette
pierre s'y brisera, et celui sur qui elle tombera sera
écrasé.
- Les principaux sacrificateurs et
les scribes cherchèrent à mettre la main sur lui
à l'heure même, mais ils craignirent le peuple. Ils
avaient compris que c'était pour eux que Jésus avait
dit cette parabole.
- Ils se mirent à observer
Jésus; et ils envoyèrent des gens qui feignaient
d'être justes, pour lui tendre des pièges et saisir
de lui quelque parole, afin de le livrer au magistrat et à
l'autorité du gouverneur.
- Ces gens lui posèrent
cette question: Maître, nous savons que tu parles et
enseignes droitement, et que tu ne regardes pas à
l'apparence, mais que tu enseignes la voie de Dieu selon la
vérité.
- Nous est-il permis, ou non, de
payer le tribut à César?
- Jésus, apercevant leur
ruse, leur répondit: Montrez-moi un denier.
- De qui porte-t-il l'effigie et
l'inscription? De César, répondirent-ils.
- Alors il leur dit: Rendez donc
à César ce qui est à César, et
à Dieu ce qui est à Dieu.
- Ils ne purent rien reprendre dans
ses paroles devant le peuple; mais, étonnés de sa
réponse, ils gardèrent le silence.
- Quelques-uns des
sadducéens, qui disent qu'il n'y a point de
résurrection, s'approchèrent, et posèrent
à Jésus cette question:
- Maître, voici ce que
Moïse nous a prescrit: Si le frère de quelqu'un meurt,
ayant une femme sans avoir d'enfants, son frère
épousera la femme, et suscitera une postérité
à son frère.
- Or, il y avait sept
frères. Le premier se maria, et mourut sans enfants.
- Le second et le troisième
épousèrent la veuve;
- il en fut de même des sept,
qui moururent sans laisser d'enfants.
- Enfin, la femme mourut
aussi.
- A la résurrection, duquel
d'entre eux sera-t-elle donc la femme? Car les sept l'ont eue pour
femme.
- Jésus leur
répondit: Les enfants de ce siècle prennent des
femmes et des maris;
- mais ceux qui seront
trouvés dignes d'avoir part au siècle à venir
et à la résurrection des morts ne prendront ni
femmes ni maris.
- Car ils ne pourront plus mourir,
parce qu'ils seront semblables aux anges, et qu'ils seront fils de
Dieu, étant fils de la résurrection.
- Que les morts ressuscitent, c'est
ce que Moïse a fait connaître quand, à propos du
buisson, il appelle le Seigneur le Dieu d'Abraham, le Dieu
d'Isaac, et le Dieu de Jacob.
- Or, Dieu n'est pas Dieu des
morts, mais des vivants; car pour lui tous sont vivants.
- Quelques-uns des scribes, prenant
la parole, dirent: Maître, tu as bien parlé.
- Et ils n'osaient plus lui faire
aucune question.
- Jésus leur dit: Comment
dit-on que le Christ est fils de David?
- David lui-même dit dans le
livre des Psaumes: Le Seigneur a dit à mon Seigneur:
Assieds-toi à ma droite,
- Jusqu'à ce que je fasse de
tes ennemis ton marchepied.
- David donc l'appelle Seigneur;
comment est-il son fils?
- Tandis que tout le peuple
l'écoutait, il dit à ses disciples:
- Gardez-vous des scribes, qui
aiment à se promener en robes longues, et à
être salués dans les places publiques; qui
recherchent les premiers sièges dans les synagogues, et les
premières places dans les festins;
- qui dévorent les maisons
des veuves, et qui font pour l'apparence de longues
prières. Ils seront jugés plus
sévèrement.
[ Début ]
Chapitre 21
- Jésus, ayant levé
les yeux, vit les riches qui mettaient leurs offrandes dans le
tronc.
- Il vit aussi une pauvre veuve,
qui y mettait deux petites pièces.
- Et il dit: Je vous le dis en
vérité, cette pauvre veuve a mis plus que tous les
autres;
- car c'est de leur superflu que
tous ceux-là ont mis des offrandes dans le tronc, mais elle
a mis de son nécessaire, tout ce qu'elle avait pour
vivre.
- Comme quelques-uns parlaient des
belles pierres et des offrandes qui faisaient l'ornement du
temple, Jésus dit:
- Les jours viendront où, de
ce que vous voyez, il ne restera pas pierre sur pierre qui ne soit
renversée.
- Ils lui demandèrent:
Maître, quand donc cela arrivera-t-il, et à quel
signe connaîtra-t-on que ces choses vont arriver?
- Jésus répondit:
Prenez garde que vous ne soyez séduits. Car plusieurs
viendront en mon nom, disant: C'est moi, et le temps approche. Ne
les suivez pas.
- Quand vous entendrez parler de
guerres et de soulèvements, ne soyez pas effrayés,
car il faut que ces choses arrivent premièrement. Mais ce
ne sera pas encore la fin.
- Alors il leur dit: Une nation
s'élèvera contre une nation, et un royaume contre un
royaume;
- il y aura de grands tremblements
de terre, et, en divers lieux, des pestes et des famines; il y
aura des phénomènes terribles, et de grands signes
dans le ciel.
- Mais, avant tout cela, on mettra
la main sur vous, et l'on vous persécutera; on vous livrera
aux synagogues, on vous jettera en prison, on vous mènera
devant des rois et devant des gouverneurs, à cause de mon
nom.
- Cela vous arrivera pour que vous
serviez de témoignage.
- Mettez-vous donc dans l'esprit de
ne pas préméditer votre défense;
- car je vous donnerai une bouche
et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront
résister ou contredire.
- Vous serez livrés
même par vos parents, par vos frères, par vos proches
et par vos amis, et ils feront mourir plusieurs d'entre
vous.
- Vous serez haïs de tous,
à cause de mon nom.
- Mais il ne se perdra pas un
cheveu de votre tête;
- par votre
persévérance vous sauverez vos âmes.
- Lorsque vous verrez
Jérusalem investie par des armées, sachez alors que
sa désolation est proche.
- Alors, que ceux qui seront en
Judée fuient dans les montagnes, que ceux qui seront au
milieu de Jérusalem en sortent, et que ceux qui seront dans
les champs n'entrent pas dans la ville.
- Car ce seront des jours de
vengeance, pour l'accomplissement de tout ce qui est
écrit.
- Malheur aux femmes qui seront
enceintes et à celles qui allaiteront en ces
jours-là! Car il y aura une grande détresse dans le
pays, et de la colère contre ce peuple.
- Ils tomberont sous le tranchant
de l'épée, ils seront emmenés captifs parmi
toutes les nations, et Jérusalem sera foulée aux
pieds par les nations, jusqu'à ce que les temps des nations
soient accomplies.
- Il y aura des signes dans le
soleil, dans la lune et dans les étoiles. Et sur la terre,
il y aura de l'angoisse chez les nations qui ne sauront que faire,
au bruit de la mer et des flots,
- les hommes rendant l'âme de
terreur dans l'attente de ce qui surviendra pour la terre; car les
puissances des cieux seront ébranlées.
- Alors on verra le Fils de l'homme
venant sur une nuée avec puissance et une grande
gloire.
- Quand ces choses commenceront
à arriver, redressez-vous et levez vos têtes, parce
que votre délivrance approche.
- Et il leur dit une comparaison:
Voyez le figuier, et tous les arbres.
- Dès qu'ils ont
poussé, vous connaissez de vous-mêmes, en regardant,
que déjà l'été est proche.
- De même, quand vous verrez
ces choses arriver, sachez que le royaume de Dieu est
proche.
- Je vous le dis en
vérité, cette génération ne passera
point, que tout cela n'arrive.
- Le ciel et la terre passeront,
mais mes paroles ne passeront point.
- Prenez garde à
vous-mêmes, de crainte que vos coeurs ne s'appesantissent
par les excès du manger et du boire, et par les soucis de
la vie, et que ce jour ne vienne sur vous à
l'improviste;
- car il viendra comme un filet sur
tous ceux qui habitent sur la face de toute la terre.
- Veillez donc et priez en tout
temps, afin que vous ayez la force d'échapper à
toutes ces choses qui arriveront, et de paraître debout
devant le Fils de l'homme.
- Pendant le jour, Jésus
enseignait dans le temple, et il allait passer la nuit à la
montagne appelée montagne des Oliviers.
- Et tout le peuple, dès le
matin, se rendait vers lui dans le temple pour
l'écouter.
[ Début ]
Chapitre 22
- La fête des pains sans
levain, appelée la Pâque, approchait.
- Les principaux sacrificateurs et
les scribes cherchaient les moyens de faire mourir Jésus;
car ils craignaient le peuple.
- Or, Satan entra dans Judas,
surnommé Iscariot, qui était du nombre des
douze.
- Et Judas alla s'entendre avec les
principaux sacrificateurs et les chefs des gardes, sur la
manière de le leur livrer.
- Ils furent dans la joie, et ils
convinrent de lui donner de l'argent.
- Après s'être
engagé, il cherchait une occasion favorable pour leur
livrer Jésus à l'insu de la foule.
- Le jour des pains sans levain,
où l'on devait immoler la Pâque, arriva,
- et Jésus envoya Pierre et
Jean, en disant: Allez nous préparer la Pâque, afin
que nous la mangions.
- Ils lui dirent: Où veux-tu
que nous la préparions?
- Il leur répondit: Voici,
quand vous serez entrés dans la ville, vous rencontrerez un
homme portant une cruche d'eau; suivez-le dans la maison où
il entrera,
- et vous direz au maître de
la maison: Le maître te dit: Où est le lieu où
je mangerai la Pâque avec mes disciples?
- Et il vous montrera une grande
chambre haute, meublée: c'est là que vous
préparerez la Pâque.
- Ils partirent, et
trouvèrent les choses comme il le leur avait dit; et ils
préparèrent la Pâque.
- L'heure étant venue, il se
mit à table, et les apôtres avec lui.
- Il leur dit: J'ai
désiré vivement manger cette Pâque avec vous,
avant de souffrir;
- car, je vous le dis, je ne la
mangerai plus, jusqu'à ce qu'elle soit accomplie dans le
royaume de Dieu.
- Et, ayant pris une coupe et rendu
grâces, il dit: Prenez cette coupe, et distribuez-la entre
vous;
- car, je vous le dis, je ne boirai
plus désormais du fruit de la vigne, jusqu'à ce que
le royaume de Dieu soit venu.
- Ensuite il prit du pain; et,
après avoir rendu grâces, il le rompit, et le leur
donna, en disant: Ceci est mon corps, qui est donné pour
vous; faites ceci en mémoire de moi.
- Il prit de même la coupe,
après le souper, et la leur donna, en disant: Cette coupe
est la nouvelle alliance en mon sang, qui est répandu pour
vous.
- Cependant voici, la main de celui
qui me livre est avec moi à cette table.
- Le Fils de l'homme s'en va selon
ce qui est déterminé. Mais malheur à l'homme
par qui il est livré!
- Et ils commencèrent
à se demander les uns aux autres qui était celui
d'entre eux qui ferait cela.
- Il s'éleva aussi parmi les
apôtres une contestation: lequel d'entre eux devait
être estimé le plus grand?
- Jésus leur dit: Les rois
des nations les maîtrisent, et ceux qui les dominent sont
appelés bienfaiteurs.
- Qu'il n'en soit pas de même
pour vous. Mais que le plus grand parmi vous soit comme le plus
petit, et celui qui gouverne comme celui qui sert.
- Car quel est le plus grand, celui
qui est à table, ou celui qui sert? N'est-ce pas celui qui
est à table? Et moi, cependant, je suis au milieu de vous
comme celui qui sert.
- Vous, vous êtes ceux qui
avez persévéré avec moi dans mes
épreuves;
- c'est pourquoi je dispose du
royaume en votre faveur, comme mon Père en a disposé
en ma faveur,
- afin que vous mangiez et buviez
à ma table dans mon royaume, et que vous soyez assis sur
des trônes, pour juger les douze tribus
d'Israël.
- Le Seigneur dit: Simon, Simon,
Satan vous a réclamés, pour vous cribler comme le
froment.
- Mais j'ai prié pour toi,
afin que ta foi ne défaille point; et toi, quand tu seras
converti, affermis tes frères.
- Seigneur, lui dit Pierre, je suis
prêt à aller avec toi et en prison et à la
mort.
- Et Jésus dit: Pierre, je
te le dis, le coq ne chantera pas aujourd'hui que tu n'aies
nié trois fois de me connaître.
- Il leur dit encore: Quand je vous
ai envoyés sans bourse, sans sac, et sans souliers,
avez-vous manqué de quelque chose? Ils répondirent:
De rien.
- Et il leur dit: Maintenant, au
contraire, que celui qui a une bourse la prenne et que celui qui a
un sac le prenne également, que celui qui n'a point
d'épée vende son vêtement et achète une
épée.
- Car, je vous le dis, il faut que
cette parole qui est écrite s'accomplisse en moi: Il a
été mis au nombre des malfaiteurs. Et ce qui me
concerne est sur le point d'arriver.
- Ils dirent: Seigneur, voici deux
épées. Et il leur dit: Cela suffit.
- Après être sorti, il
alla, selon sa coutume, à la montagne des Oliviers. Ses
disciples le suivirent.
- Lorsqu'il fut arrivé dans
ce lieu, il leur dit: Priez, afin que vous ne tombiez pas en
tentation.
- Puis il s'éloigna d'eux
à la distance d'environ un jet de pierre, et,
s'étant mis à genoux, il pria,
- disant: Père, si tu
voulais éloigner de moi cette coupe! Toutefois, que ma
volonté ne se fasse pas, mais la tienne.
- Alors un ange lui apparut du
ciel, pour le fortifier.
- Étant en agonie, il priait
plus instamment, et sa sueur devint comme des grumeaux de sang,
qui tombaient à terre.
- Après avoir prié,
il se leva, et vint vers les disciples, qu'il trouva endormis de
tristesse,
- et il leur dit: Pourquoi
dormez-vous? Levez-vous et priez, afin que vous ne tombiez pas en
tentation.
- Comme il parlait encore, voici,
une foule arriva; et celui qui s'appelait Judas, l'un des douze,
marchait devant elle. Il s'approcha de Jésus, pour le
baiser.
- Et Jésus lui dit: Judas,
c'est par un baiser que tu livres le Fils de l'homme!
- Ceux qui étaient avec
Jésus, voyant ce qui allait arriver, dirent: Seigneur,
frapperons-nous de l'épée?
- Et l'un d'eux frappa le serviteur
du souverain sacrificateur, et lui emporta l'oreille
droite.
- Mais Jésus, prenant la
parole, dit: Laissez, arrêtez! Et, ayant touché
l'oreille de cet homme, il le guérit.
- Jésus dit ensuite aux
principaux sacrificateurs, aux chefs des gardes du temple, et aux
anciens, qui étaient venus contre lui: Vous êtes
venus, comme après un brigand, avec des épées
et des bâtons.
- J'étais tous les jours
avec vous dans le temple, et vous n'avez pas mis la main sur moi.
Mais c'est ici votre heure, et la puissance des
ténèbres.
- Après avoir saisi
Jésus, ils l'emmenèrent, et le conduisirent dans la
maison du souverain sacrificateur. Pierre suivait de loin.
- Ils allumèrent du feu au
milieu de la cour, et ils s'assirent. Pierre s'assit parmi
eux.
- Une servante, qui le vit assis
devant le feu, fixa sur lui les regards, et dit: Cet homme
était aussi avec lui.
- Mais il le nia disant: Femme, je
ne le connais pas.
- Peu après, un autre,
l'ayant vu, dit: Tu es aussi de ces gens-là. Et Pierre dit:
Homme, je n'en suis pas.
- Environ une heure plus tard, un
autre insistait, disant: Certainement cet homme était aussi
avec lui, car il est Galiléen.
- Pierre répondit: Homme, je
ne sais ce que tu dis. Au même instant, comme il parlait
encore, le coq chanta.
- Le Seigneur, s'étant
retourné, regarda Pierre. Et Pierre se souvint de la parole
que le Seigneur lui avait dite: Avant que le coq chante
aujourd'hui, tu me renieras trois fois.
- Et étant sorti, il pleura
amèrement.
- Les hommes qui tenaient
Jésus se moquaient de lui, et le frappaient.
- Ils lui voilèrent le
visage, et ils l'interrogeaient, en disant: Devine qui t'a
frappé.
- Et ils proféraient contre
lui beaucoup d'autres injures.
- Quand le jour fut venu, le
collège des anciens du peuple, les principaux
sacrificateurs et les scribes, s'assemblèrent, et firent
amener Jésus dans leur sanhédrin.
- Ils dirent: Si tu es le Christ,
dis-le nous. Jésus leur répondit: Si je vous le dis,
vous ne le croirez pas;
- et, si je vous interroge, vous ne
répondrez pas.
- Désormais le Fils de
l'homme sera assis à la droite de la puissance de
Dieu.
- Tous dirent: Tu es donc le Fils
de Dieu? Et il leur répondit: Vous le dites, je le
suis.
- Alors ils dirent: Qu'avons-nous
encore besoin de témoignage? Nous l'avons entendu
nous-mêmes de sa bouche.
[ Début ]
Chapitre 23
- Ils se levèrent tous, et
ils conduisirent Jésus devant Pilate.
- Ils se mirent à l'accuser,
disant: Nous avons trouvé cet homme excitant notre nation
à la révolte, empêchant de payer le tribut
à César, et se disant lui-même Christ,
roi.
- Pilate l'interrogea, en ces
termes: Es-tu le roi des Juifs? Jésus lui répondit:
Tu le dis.
- Pilate dit aux principaux
sacrificateurs et à la foule: Je ne trouve rien de coupable
en cet homme.
- Mais ils insistèrent, et
dirent: Il soulève le peuple, en enseignant par toute la
Judée, depuis la Galilée, où il a
commencé, jusqu'ici.
- Quand Pilate entendit parler de
la Galilée, il demanda si cet homme était
Galiléen;
- et, ayant appris qu'il
était de la juridiction d'Hérode, il le renvoya
à Hérode, qui se trouvait aussi à
Jérusalem en ces jours-là.
- Lorsque Hérode vit
Jésus, il en eut une grande joie; car depuis longtemps, il
désirait le voir, à cause de ce qu'il avait entendu
dire de lui, et il espérait qu'il le verrait faire quelque
miracle.
- Il lui adressa beaucoup de
questions; mais Jésus ne lui répondit rien.
- Les principaux sacrificateurs et
les scribes étaient là, et l'accusaient avec
violence.
- Hérode, avec ses gardes,
le traita avec mépris; et, après s'être
moqué de lui et l'avoir revêtu d'un habit
éclatant, il le renvoya à Pilate.
- Ce jour même, Pilate et
Hérode devinrent amis, d'ennemis qu'ils étaient
auparavant.
- Pilate, ayant assemblé les
principaux sacrificateurs, les magistrats, et le peuple, leur
dit:
- Vous m'avez amené cet
homme comme excitant le peuple à la révolte. Et
voici, je l'ai interrogé devant vous, et je ne l'ai
trouvé coupable d'aucune des choses dont vous
l'accusez;
- Hérode non plus, car il
nous l'a renvoyé, et voici, cet homme n'a rien fait qui
soit digne de mort.
- Je le relâcherai donc,
après l'avoir fait battre de verges.
- A chaque fête, il
était obligé de leur relâcher un
prisonnier.
- Ils s'écrièrent
tous ensemble: Fais mourir celui-ci, et relâche-nous
Barabbas.
- Cet homme avait été
mis en prison pour une sédition qui avait eu lieu dans la
ville, et pour un meurtre.
- Pilate leur parla de nouveau,
dans l'intention de relâcher Jésus.
- Et ils crièrent: Crucifie,
crucifie-le!
- Pilate leur dit pour la
troisième fois: Quel mal a-t-il fait? Je n'ai rien
trouvé en lui qui mérite la mort. Je le
relâcherai donc, après l'avoir fait battre de
verges.
- Mais ils insistèrent
à grands cris, demandant qu'il fût crucifié.
Et leurs cris l'emportèrent:
- Pilate prononça que ce
qu'ils demandaient serait fait.
- Il relâcha celui qui avait
été mis en prison pour sédition et pour
meurtre, et qu'ils réclamaient; et il livra Jésus
à leur volonté.
- Comme ils l'emmenaient, ils
prirent un certain Simon de Cyrène, qui revenait des
champs, et ils le chargèrent de la croix, pour qu'il la
porte derrière Jésus.
- Il était suivi d'une
grande multitude des gens du peuple, et de femmes qui se
frappaient la poitrine et se lamentaient sur lui.
- Jésus se tourna vers
elles, et dit: Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi;
mais pleurez sur vous et sur vos enfants.
- Car voici, des jours viendront
où l'on dira: Heureuses les stériles, heureuses les
entrailles qui n'ont point enfanté, et les mamelles qui
n'ont point allaité!
- Alors ils se mettront à
dire aux montagnes: Tombez sur nous! Et aux collines:
Couvrez-nous!
- Car, si l'on fait ces choses au
bois vert, qu'arrivera-t-il au bois sec?
- On conduisait en même temps
deux malfaiteurs, qui devaient être mis à mort avec
Jésus.
- Lorsqu'ils furent arrivés
au lieu appelé Crâne, ils le crucifièrent
là, ainsi que les deux malfaiteurs, l'un à droite,
l'autre à gauche.
- Jésus dit: Père,
pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font. Ils se
partagèrent ses vêtements, en tirant au sort.
- Le peuple se tenait là, et
regardait. Les magistrats se moquaient de Jésus, disant: Il
a sauvé les autres; qu'il se sauve lui-même, s'il est
le Christ, l'élu de Dieu!
- Les soldats aussi se moquaient de
lui; s'approchant et lui présentant du vinaigre,
- ils disaient: Si tu es le roi des
Juifs, sauve-toi toi-même!
- Il y avait au-dessus de lui cette
inscription: Celui-ci est le roi des Juifs.
- L'un des malfaiteurs
crucifiés l'injuriait, disant: N'es-tu pas le Christ?
Sauve-toi toi-même, et sauve-nous!
- Mais l'autre le reprenait, et
disait: Ne crains-tu pas Dieu, toi qui subis la même
condamnation?
- Pour nous, c'est justice, car
nous recevons ce qu'ont mérité nos crimes; mais
celui-ci n'a rien fait de mal.
- Et il dit à Jésus:
Souviens-toi de moi, quand tu viendras dans ton
règne.
- Jésus lui répondit:
Je te le dis en vérité, aujourd'hui tu seras avec
moi dans le paradis.
- Il était
déjà environ la sixième heure, et il y eut
des ténèbres sur toute la terre, jusqu'à la
neuvième heure.
- Le soleil s'obscurcit, et le
voile du temple se déchira par le milieu.
- Jésus s'écria d'une
voix forte: Père, je remets mon esprit entre tes mains. Et,
en disant ces paroles, il expira.
- Le centenier, voyant ce qui
était arrivé, glorifia Dieu, et dit: Certainement,
cet homme était juste.
- Et tous ceux qui assistaient en
foule à ce spectacle, après avoir vu ce qui
était arrivé, s'en retournèrent, se frappant
la poitrine.
- Tous ceux de la connaissance de
Jésus, et les femmes qui l'avaient accompagné depuis
la Galilée, se tenaient dans l'éloignement et
regardaient ce qui se passait.
- Il y avait un conseiller,
nommé Joseph, homme bon et juste,
- qui n'avait point
participé à la décision et aux actes des
autres; il était d'Arimathée, ville des Juifs, et il
attendait le royaume de Dieu.
- Cet homme se rendit vers Pilate,
et demanda le corps de Jésus.
- Il le descendit de la croix,
l'enveloppa d'un linceul, et le déposa dans un
sépulcre taillé dans le roc, où personne
n'avait encore été mis.
- C'était le jour de la
préparation, et le sabbat allait commencer.
- Les femmes qui étaient
venues de la Galilée avec Jésus
accompagnèrent Joseph, virent le sépulcre et la
manière dont le corps de Jésus y fut
déposé,
- et, s'en étant
retournées, elles préparèrent des aromates et
des parfums. Puis elles se reposèrent le jour du sabbat,
selon la loi.
[ Début ]
Chapitre 24
- Le premier jour de la semaine,
elles se rendirent au sépulcre de grand matin, portant les
aromates qu'elles avaient préparés.
- Elles trouvèrent que la
pierre avait été roulée de devant le
sépulcre;
- et, étant entrées,
elles ne trouvèrent pas le corps du Seigneur
Jésus.
- Comme elles ne savaient que
penser de cela, voici, deux hommes leur apparurent, en habits
resplendissants.
- Saisies de frayeur, elles
baissèrent le visage contre terre; mais ils leur dirent:
Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est
vivant?
- Il n'est point ici, mais il est
ressuscité. Souvenez-vous de quelle manière il vous
a parlé, lorsqu'il était encore en
Galilée,
- et qu'il disait: Il faut que le
Fils de l'homme soit livré entre les mains des
pécheurs, qu'il soit crucifié, et qu'il ressuscite
le troisième jour.
- Et elles se ressouvinrent des
paroles de Jésus.
- A leur retour du sépulcre,
elles annoncèrent toutes ces choses aux onze, et à
tous les autres.
- Celles qui dirent ces choses aux
apôtres étaient Marie de Magdala, Jeanne, Marie,
mère de Jacques, et les autres qui étaient avec
elles.
- Ils tinrent ces discours pour des
rêveries, et ils ne crurent pas ces femmes.
- Mais Pierre se leva, et courut au
sépulcre. S'étant baissé, il ne vit que les
linges qui étaient à terre; puis il s'en alla chez
lui, dans l'étonnement de ce qui était
arrivé.
- Et voici, ce même jour,
deux disciples allaient à un village nommé
Emmaüs, éloigné de Jérusalem de soixante
stades;
- et ils s'entretenaient de tout ce
qui s'était passé.
- Pendant qu'ils parlaient et
discutaient, Jésus s'approcha, et fit route avec
eux.
- Mais leurs yeux étaient
empêchés de le reconnaître.
- Il leur dit: De quoi vous
entretenez-vous en marchant, pour que vous soyez tout
tristes?
- L'un d'eux, nommé
Cléopas, lui répondit: Es-tu le seul qui,
séjournant à Jérusalem ne sache pas ce qui y
est arrivé ces jours-ci? -
- Quoi? leur dit-il. -Et ils lui
répondirent: Ce qui est arrivé au sujet de
Jésus de Nazareth, qui était un prophète
puissant en oeuvres et en paroles devant Dieu et devant tout le
peuple,
- et comment les principaux
sacrificateurs et nos magistrats l'on livré pour le faire
condamner à mort et l'ont crucifié.
- Nous espérions que ce
serait lui qui délivrerait Israël; mais avec tout
cela, voici le troisième jour que ces choses se sont
passées.
- Il est vrai que quelques femmes
d'entre nous nous ont fort étonnés; s'étant
rendues de grand matin au sépulcre
- et n'ayant pas trouvé son
corps, elles sont venues dire que des anges leurs sont apparus et
ont annoncé qu'il est vivant.
- Quelques-uns de ceux qui
étaient avec nous sont allés au sépulcre, et
ils ont trouvé les choses comme les femmes l'avaient dit;
mais lui, ils ne l'ont point vu.
- Alors Jésus leur dit: O
hommes sans intelligence, et dont le coeur est lent à
croire tout ce qu'ont dit les prophètes!
- Ne fallait-il pas que le Christ
souffrît ces choses, et qu'il entrât dans sa
gloire?
- Et, commençant par
Moïse et par tous les prophètes, il leur expliqua dans
toutes les Écritures ce qui le concernait.
- Lorsqu'ils furent près du
village où ils allaient, il parut vouloir aller plus
loin.
- Mais ils le pressèrent, en
disant: Reste avec nous, car le soir approche, le jour est sur son
déclin. Et il entra, pour rester avec eux.
- Pendant qu'il était
à table avec eux, il prit le pain; et, après avoir
rendu grâces, il le rompit, et le leur donna.
- Alors leurs yeux s'ouvrirent, et
ils le reconnurent; mais il disparut de devant eux.
- Et ils se dirent l'un à
l'autre: Notre coeur ne brûlait-il pas au dedans de nous,
lorsqu'il nous parlait en chemin et nous expliquait les
Écritures?
- Se levant à l'heure
même, ils retournèrent à Jérusalem, et
ils trouvèrent les onze, et ceux qui étaient avec
eux, assemblés
- et disant: Le Seigneur est
réellement ressuscité, et il est apparu à
Simon.
- Et ils racontèrent ce qui
leur était arrivé en chemin, et comment ils
l'avaient reconnu au moment où il rompit le pain.
- Tandis qu'ils parlaient de la
sorte, lui-même se présenta au milieu d'eux, et leur
dit: La paix soit avec vous!
- Saisis de frayeur et
d'épouvante, ils croyaient voir un esprit.
- Mais il leur dit: Pourquoi
êtes-vous troublés, et pourquoi pareilles
pensées s'élèvent-elles dans vos
coeurs?
- Voyez mes mains et mes pieds,
c'est bien moi; touchez-moi et voyez: un esprit n'a ni chair ni
os, comme vous voyez que j'ai.
- Et en disant cela, il leur montra
ses mains et ses pieds.
- Comme, dans leur joie, ils ne
croyaient point encore, et qu'ils étaient dans
l'étonnement, il leur dit: Avez-vous ici quelque chose
à manger?
- Ils lui
présentèrent du poisson rôti et un rayon de
miel.
- Il en prit, et il mangea devant
eux.
- Puis il leur dit: C'est là
ce que je vous disais lorsque j'étais encore avec vous,
qu'il fallait que s'accomplît tout ce qui est écrit
de moi dans la loi de Moïse, dans les prophètes, et
dans les psaumes.
- Alors il leur ouvrit l'esprit,
afin qu'ils comprissent les Écritures.
- Et il leur dit: Ainsi il est
écrit que le Christ souffrirait, et qu'il ressusciterait
des morts le troisième jour,
- et que la repentance et le pardon
des péchés seraient prêchés en son nom
à toutes les nations, à commencer par
Jérusalem.
- Vous êtes témoins de
ces choses.
- Et voici, j'enverrai sur vous ce
que mon Père a promis; mais vous, restez dans la ville
jusqu'à ce que vous soyez revêtus de la puissance
d'en haut.
- Il les conduisit jusque vers
Béthanie, et, ayant levé les mains, il les
bénit.
- Pendant qu'il les
bénissait, il se sépara d'eux, et fut enlevé
au ciel.
- Pour eux, après l'avoir
adoré, ils retournèrent à Jérusalem
avec une grande joie;
- et ils étaient
continuellement dans le temple, louant et bénissant
Dieu.
[ Début ]